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les paysans paient le sol jusqu’à 2 500 francs l’hectare. Il est donc permis de se demander si cet établissement a donné tous les résultats que ses créateurs en attendaient. Son insuccès relatif semble démontrer, une fois de plus, que l’intervention officielle dans le domaine économique n’est pas toujours heureuse.

Un autre but poursuivi est la suppression des intermédiaires entre le vendeur et l’acquéreur du sol : des sanctions civiles et même pénales très sévères sont édictées à cet égard. D’autre part, des garanties exceptionnelles sont accordées à la Caisse, dont les créances hypothécaires sont établies de façon à donner toute sécurité aux acheteurs de ses bons.

Un dernier article du programme de la réforme a consisté à vendre aux paysans la plus grande partie du domaine de l’Etat, qui comprenait jadis plus de 1 600 000 hectares de terres cultivables, et qui est aujourd’hui réduit au quart de cette étendue. L’augmentation régulière de la population, qui dépasse 7 500 000 d’habitans, fait que la demande de terres augmente sans cesse. En même temps qu’il travaillait ainsi au morcellement du sol, le gouvernement a cherché à empêcher la concentration dans quelques mains d’entreprises d’exploitation agricole. La loi du 23 décembre 1907 limite à 4 000 hectares la faculté d’affermage à un seul preneur. Les orateurs du parti libéral ont attaqué ce qu’ils appellent les trusts agricoles, c’est-à-dire les associations de personnes et de capitaux qui prennent à bail les terres : une seule famille, dit-on, avait affermé 174 000 hectares. Cette organisation favorisait l’absentéisme des propriétaires, qui n’avaient plus qu’à recevoir une rente de leurs locataires, lesquels s’efforçaient à leur tour de tirer du sol le revenu le plus élevé possible et pressuraient le paysan.

En même temps qu’il faisait voter la loi sur les contrats agricoles et celle qui créait la Caisse rurale, le gouvernement remaniait les cadres de l’administration et réorganisait les communes. Le nombre des arrondissemens, qui comprenaient en général une demi-douzaine de communes, a été augmenté ; l’administrateur qui est à la tête de chacun d’eux doit visiter, trois fois par mois au moins, les villages et communes de son arrondissement : il a le droit de prononcer des amendes jusqu’à concurrence de 10 francs pour les contraventions de simple police, de 25 francs pour infractions aux lois sur les routes, la