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Dans la première voiture, montèrent le Roi, la Reine, les princesses, Madame Adélaïde, Mme de Verther, la princesse Schönburg, l’Ambassadeur et l’Ambassadrice d’Autriche ; dans la seconde, les dames d’honneur de la Reine, de Madame Adélaïde et des princesses, puis la princesse Brezenheim, son mari, Mlle de Werther et le prince Schönburg ; Charles Werther, Rodolphe II, Jules et moi nous montâmes avec le général Athalin, M. Dumas, aide de camp du Roi et le gouverneur du Duc de Montpensier, dans le grand char à bancs dont les trois princes firent les honneurs. Il n’y avait qu’un baldaquin monté sur ce char à bancs, destiné à garantir contre le soleil plutôt que contre la pluie. Néanmoins, nous voulûmes baisser les stores pour nous abriter. M. Athalin et moi nous nous mîmes à l’œuvre, mais sans succès. Les cahots de la voiture nous envoyaient à la figure les draperies en soie bleu de ciel toutes trempées, ce qui excita l’hilarité générale. Le prince de Joinville nous dit alors qu’étant marin, il ferait mieux que nous, et se mit à débrouiller les nœuds que M. Athalin et moi avions faits.

Messeigneurs de Montpensier et d’Aumale se disputèrent, à cause d’un rideau que l’un voulait descendre pour se garantir contre la pluie, et que l’autre retenait pour voir ce qui se passait sur les boulevards et autres parties de la ville que nous traversions. M. de Montpensier se fâcha tout rouge et bientôt quelques petits coups furent échangés des deux côtés. M. Athalin fit un signe au gouverneur qui intervint, de manière à satisfaire les deux parties belligérantes qui, après avoir fait la paix, se réunirent au prince de Joinville, pour faire des niches au gouverneur du duc de Montpensier. Comme ces plaisanteries étaient d’une nature fort innocente, nous nous y prêtâmes tous plus ou moins.

Pendant tout le trajet, nous fûmes précédés et suivis d’une forte escorte de garde nationale, d’un détachement de hussards et de garde municipale. De plus, il y avait, tout le long de la route, des gendarmes à cheval placés deux à deux et assez rapprochés les uns des autres, pour pouvoir communiquer entre eux, en cas de besoin. La pluie n’avait pas cessé ; ce n’est qu’à l’entrée de l’avenue du Raincy que les nuages se sont dissipés et qu’un beau soleil a éclairé les riantes pelouses du parc.

A la grille, le Roi fut reçu par la garde nationale du village,