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En larmes fades…
Par les bois secrets et divins
J’écoutais frissonner sans fin
L’Hamadryade !

J’aimais la ruche aux larges flancs,
Le chant des abeilles, les blancs
Troupeaux de chèvres ;
Avec le miel ensoleillé,
L’acre saveur du lait caillé
Monte à mes lèvres !

Dans l’ombre molle qui consent,
J’ai parfois sucé votre sang,
Grenades mûres ;
Et pour mes cheveux j’ai mêlé
Des fleurs, des pampres et des blés
A des ramures…

— O cher Passé mystérieux
Qui vous reflétez dans mes yeux
Comme un nuage,
Il me serait plaisant et doux,
Passé, d’essayer avec vous
Le long voyage !…

Si je glisse, les eaux feront
Un rond fluide… un autre rond.
Un autre à peine…
Et puis le miroir enchanté
Reprendra sa limpidité
Froide et sereine.


LE MÊME INSATIABLE ET MERVEILLEUX TOURMENT…


Le même insatiable et merveilleux tourment
Vous emporte vers trop de choses !…
— Reposez-vous, mon cœur, ne fût-ce qu’un moment ;
Ce soir je suis faible, morose…