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UNE VILLE ALSACIENNE

WISSEMBOURG[1]


C’est un matin d’automne, la saison de l’année peut-être où l’Alsace est la plus belle.

Sous un ciel d’une limpidité un peu humide qui donne à la nature une douceur recueillie, la forêt déploie sur la montagne sa pressante frondaison d’or rouge qu’anime encore le contraste des sapins verts, tandis que sur les pentes les vignes pâlissent le sol d’un or plus fragile. Le voyageur, qu’amène en ce point de notre ancienne frontière la curiosité ou le souvenir, s’arrête, sur le Geisberg, au pied du monument qui commémore le sanglant sacrifice des soldats tombés pour la France. Au-dessus de lui, le génie de la Patrie offre, dans ses mains reconnaissantes, des couronnes, et, dressé sur le faîte, le coq gaulois, coulé dans le bronze, se raidit, avant de lancer son cri. Devant son regard, le paysage splendide s’étend mollement. Des champs vallonnés d’abord, où les monumens allemands glorifient la victoire, de grasses prairies, des bouquets d’arbres, jusqu’à la route où frissonnent les longs peupliers jaunes ; à sa gauche, les sinueuses ondulations des Vosges ; vers le Nord, les premières hauteurs et les premiers villages du Palatinat qu’estompe une brume légère ; à droite, la plaine alsacienne, et au-delà, le pays badois, avec les sommets bleuissans de la Forêt-Noire.

  1. L’abbaye et la ville de Wissembourg, par J. Rheinwald, 1863. — L’Alsace illustrée, par J. Schœpflin, 1852. — L’abbaye de Wissembourg, par M. L. Spach. — À travers l’Alsace, par M. André Hallays. — Le mariage de Louis XV, par M. Henry Gauthier-Villars, Plon.