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adjoint et secrétaire du Comité de défense des monumens et sites vendômois :

« Il fallait deux pierres pour fermer d’une dalle la fosse. Le premier adjoint, M. Leguay, a envoyé les ouvriers au cimetière de la ville prendre les pierres de deux de ces pauvres croix de fonte que les malheureux érigent sur les tombes de leurs morts, — croix et pierres qui tombent dans le domaine de la ville lorsqu’on procède au relevage des sépultures de ceux qui n’ont pas pu se payer une concession perpétuelle. Je viens du cimetière ; j’y ai vu la tombe brisée, et sur un fragment j’ai pu lire : Ici repose Virginie Savoir, veuve Doré, décédée le 20 mars 1900, à l’âge de 85 ans. Priez pour elle. »

Ce que fut de son vivant cette femme française, je ne sais ; mais je sais que la pierre tombale, qui protégeait en terre sainte sa dépouille, recouvre maintenant les latrines du clocher Saint-Martin, et que cela réjouit le cœur des autorités de Vendôme.

Dénombrons ces étonnans personnages :

Le maire, M. Philippe Frain, a été élevé chez un vieux et pieux marquis qui voulait l’adopter, mais qui le rendit à ses parens, vers l’âge de treize ans, à cause de sa gourmandise.

Son adjoint, M. Leguay, a passé plusieurs années au séminaire de Blois. Avant d’y entrer, il jouait de l’ophicléide dans l’église de son village.

Le conseiller municipal socialiste, M. Piriou, professeur agrégé au collège de Vendôme, est un moine défroqué, élevé au juvenat eudiste de Kerlois-en-Hennebont.

Le Préfet fait soigner en ce moment l’un des siens chez les Dames blanches de Tours.

Nous avons connu les dîneurs du Vendredi-Saint, ceux qui se réunissent pour manger une andouille. Ces messieurs de Vendôme ont trouvé mieux. Ils annoncent la grande inauguration des latrines : elle est fixée au Vendredi-Saint. Ce jour-là, les conseillers municipaux inaugureront en corps les latrines du clocher Saint-Martin. Quelqu’un serait-il tenté d’en douter ? Écoutez un témoin, écoutez le second adjoint de Vendôme, M. Royau. « Il n’y a pas huit jours, écrit-il, mon collègue, M. Leguay, premier adjoint, déclarait à qui voulait l’entendre, à ses amis, aux employés de la mairie : « La semaine prochaine, vous pourrez p… dans le clocher. » Et un conseiller disait