Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La session parlementaire s’est ouverte le mardi, 13 janvier, dans des conditions confuses : c’est d’ailleurs, dans les mêmes conditions que les Chambres s’étaient séparées, il y a trois semaines. Contrairement à ce qu’on pouvait espérer, ou désirer, les vacances n’ont apporté aucune lumière propre à éclairer la situation. On attend toujours les projets de M. Caillaux. M. le ministre des Finances s’est enveloppé jusqu’ici d’un demi-mystère que la discussion de deux douzièmes provisoires au Sénat n’est pas parvenue à dissiper. Cette discussion a pourtant été utile et brillante, mais les orateurs qui y ont pris part ont posé plus de questions qu’ils n’ont reçu de réponses. M. Caillaux, qui paraissait si sûr de ses projets lorsqu’il a renversé le ministère Barthou, ne les a fait jusqu’ici connaître que par bribes, et tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’il avoue lui-même qu’ils ne peuvent complètement aboutir qu’à une échéance lointaine. Il ne faut donc pas compter sur les grandes réformes promises pour mettre en équilibre le budget ; de 1914 ; on y pourvoira par des moyens de fortune que nous ne connaissons pas encore assez bien pour pouvoir en raisonner. Le dieu n’est pas sorti du nuage.

Nous avons parlé de la discussion du Sénat. M. Ribot y a pris une grande part. Dans un discours rapide, mais précis et où aucune question importante n’a été négligée, il a fait un exposé de notre situation financière avec une clarté impressionnante. Il a déclaré que cette situation était grave et qu’il fallait remonter jusqu’en 1871 pour en trouver une aussi inquiétante. Y a-t-il là quelque exagération ? Nous voudrions le croire, mais, à la réflexion, la situation actuelle nous apparaît encore pire que celle de 1871. À cette époque en effet, malgré les terribles désastres que nous venions d’éprouver, nos forces financières présentaient, l’événement l’a prouvé, une remarquable solidité. Nos