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démantelés par les forces destructrices et réduits à des portions en chaque cas différentes, mais dont l’étude directe est faisable. Le géologue doit se comporter à leur égard comme se sont conduits Guvier, Adolphe Brongniart et leurs élèves en présence des débris fossilisés des faunes et des flores disparues.

A partir du jour où l’on est parvenu à se dégager des vieux préjugés, jalousement défendus par Elie de Beaumont, et d’après lesquels l’époque actuelle, ne ressemblant en rien aux temps antérieurs, jouirait du monopole exclusif des volcans à cratères, comme elle aurait eu celui des deltas et des dunes, on arriva, par le rapprochement de tronçons épars, à la reconstitution, et par conséquent à la conception du volcan idéal, et complet. On pénétra dans le détail anatomique de l’appareil éruptif, depuis ses racines conservées dans les vieux gisemens éventrés, dans les régions disloquées et érodées et où rien d’analogue au cratère ni aux parties supérieures des cheminées n’a pu se conserver, jusqu’à son sommet si tragiquement visible dans les volcans homicides actuels, dont les profondeurs et surtout les racines échapperont toujours à notre observation directe.

Affranchis désormais de cette stérilisante distinction que rien ne justifie, entre le présent géologique et les époques qui l’ont précédé, on est bien édifié quant à l’indispensabilité du volcan dans l’économie de la terre ; on n’imagine plus qu’il puisse faire défaut pendant une époque sédimentaire quelconque, et l’on ne conçoit pas comment des naturalistes ont pu signaler certains âges géologiques comme caractérisés par le repos ou par le réveil de l’activité souterraine. C’est exactement comme si on nous assurait que pendant un certain laps de temps, au milieu de l’existence d’un homme, son système circulatoire pouvait éprouver des temps de repos.

Nous avons dit que le fait capital dont l’interprétation se traduit par le sentiment de la continuité absolue des temps géologiques, au point de vue du vulcanisme, résulte de la rencontre, à chaque instant répétée, d’un terme commun aux deux séries ancienne et moderne, éruptive et volcanique, qu’on se plaisait à croire distinctes par leur origine comme par leur composition. Ce terme commun, c’est la cendre déjà mentionnée, dont la projection dans l’atmosphère caractérise le début de chaque crise, et l’on peut bien souligner d’un mot la signification si exceptionnellement décisive d’un détail auquel tout d’abord on