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Plus récemment, un morceau de crâne et quelques autres fragmens ayant été trouvés dans une carrière de pouzzolane provenant de Gravenoire, tout près de Clermont, on avait cru être en présence d’une nouvelle victime des volcans quaternaires ; mais on a mis en doute l’antiquité de ces restes, les scories des volcans pouvant, en s’éboulant sur les pentes, ensevelir des objets récens.

D’ailleurs, en bien des points, des objets travaillés par l’homme préhistorique attestent sa présence aussi sûrement que le feraient ses os. A quelques kilomètres de Pontgibaud, dans la vallée de la Sioule, une couche de débris, fouillée dans un abri sous roche dépendant de la coulée du volcan de Pral, a livré, avec des ossemens d’animaux (panthère, blaireau, bœuf commun, cerf, mouton, sanglier, castor), quarante silex taillés, un ciseau en bois de cerf, deux dents de cerf polies, percés d’un trou de suspension, et ayant constitué des objets de parure. Une trouvaille analogue a été faite dans la lave de Blanzat sortie du puy de Coquille : des bois de renne portant des traces de travail ; des traces de charbon révélaient qu’il y eut là un foyer. Le British Muséum conserve un bois de renne trouvé à Neschers, dans le Puy-de-Dôme, et sur lequel est gravée au trait la forme fort bien rendue d’un cheval : on se trouve ici en présence de l’art magdalénien, accompagné de la faune pleistocène (ou quaternaire), avec l’ours des cavernes, le renne, un bovidé, le spermophile (rongeur), le chien, etc. Tous ces débris étaient dans la lave qui, sortie du Tartaret, termine sa coulée à Neschers.

Mais si l’homme quaternaire a été témoin des éruptions de l’Auvergne, on peut se demander si l’homme actuel n’a pas, lui aussi, assisté au terrifiant spectacle. L’histoire, ou du moins la tradition en gardent-elles un souvenir ?

L’histoire est muette, mais il faut convenir qu’elle est bien postérieure chez nous à l’âge où l’homme commença à se servir des métaux. Giraud Soulavie veut conclure de certains passages de Sidoine Apollinaire et de Grégoire de Tours sur des calamités publiques qui frappèrent de terreur les populations et donnèrent lieu à l’institution des Rogations, qu’il s’agissait de phénomènes volcaniques ; mais on est généralement d’avis que ce n’est là que l’imagination d’un homme avide d’événemens. Il est vrai que Sidoine Apollinaire était Auvergnat, ou du moins qu’il avait une maison de campagne sur les bords du lac