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l’état de petits bassins disséminés et qui, bien certainement, sont les restes de formations continues qui ont été démantelées et séparées les unes des autres par les dénudations intenses infligées à la surface. Parmi ces bassins auxquels se rattachent ceux de Saint-Étienne, d’Alais, de Graissessac, de Decazeville, de Brive, répartis sur le pourtour de notre région, il faut mentionner Bert, Cusset, Ahun, Saint-Éloy, Commentry et bien d’autres, qui sont éparpillés sans ordre visible sur une large surface. Dans le nombre, Commentry restera célèbre à cause des découvertes paléontologiques qui y ont été faites ; à cause aussi de la méthode d’observation qui y a été employée et qui pourrait servir de modèle dans des cas analogues. Au lieu de se borner à recueillir ce qu’on rencontre par hasard, on a cherché à ne rien laisser échapper, et, pour cela, on a intéressé les ouvriers aux résultats, en allant jusqu’à entretenir un bureau spécial dont la fonction était de recevoir les trouvailles exclusivement scientifiques. Une série particulièrement digne de mention a concerné l’existence des insectes fossiles, dont nous connaissons maintenant toute une série, aussi nombreuse qu’imprévue et qui est exposée au Muséum d’histoire naturelle. On y remarquera surtout des formes analogues à celles de blattes gigantesques, des libellules atteignant 75 centimètres d’envergure et aussi des mantes possédant, non pas quatre ailes, mais six : trois paires, dont la distribution ramène à un même type les trois anneaux constitutifs du thorax.

Mais le fait seul de l’existence des insectes à l’époque houillère a été un événement scientifique considérable, en rappelant à la prudence les amateurs de théories géologiques. Au moment où Darwin fit connaître, parmi ces merveilleuses harmonies dont la nature est pleine, celles qui concernent la part prise par certains insectes à la fécondation de quelques espèces de fleurs, des esprits systématiques, trop prompts à généraliser, émirent l’avis qu’un pays sans fleurs doit être nécessairement un pays sans insectes. Les paléobotanistes ayant constaté que la flore houillère est presque entièrement composée de plantes cryptogames, pouvant d’ailleurs atteindre les dimensions de nos arbres actuels, on tira comme conséquence « logique » de leurs observations que, les insectes n’ayant pas eu dans les forêts paléozoïques de fleurs a féconder, il n’y avait pas lieu d’admettre l’existence d’insectes houillers. Or, il paraît que les insectes peuvent avoir