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d’une forme parfaitement régulière, il est à moitié entouré d’un segment de cratère plus ancien. Le cratère intérieur est complet, avec une circonférence de 960 mètres. D’une profondeur de 96 mètres, il est entièrement tapissé d’herbe qui, là même où les feux souterrains ont laissé de si éloquens produits, offre aux bestiaux des pâturages frais et succulens. D’autres cônes ont leurs cratères rompus par un côté, sous l’effort de la lave : tels sont le puy de la Vache, la puy Noir et le puy de Lassolas. Parfois une montagne de forme irrégulière possède plusieurs cratères distincts, comme le puy de Montchié, où, par une disposition que le Vésuve reproduit sous nos yeux, les éruptions ont eu lieu en des points si voisins les uns des autres que leurs produits se sont mêlés.

Ces volcans ont vomi d’énormes quantités de lave, dont fournit un exemple le beau puy de Côme, parfaitement régulier et d’une hauteur de plus de 300 mètres au-dessus de la plaine. Celui-ci a deux cratères distincts, dont l’un a une profondeur de 75 mètres et un diamètre considérable. La lave sortait, non pas de ces cratères, mais de la base Ouest de la montagne ; le courant, ayant rencontré un obstacle, se partagea en deux branches, dont l’une rencontra une autre coulée, venue du puy de Louchadière ; elle se précipita ensuite dans le lit de la Sioule, qui dut prendre un autre cours. Puis, encore arrêtée par un rocher saillant, la lave de Côme forma un mur de dix-huit mètres de haut, avec les divisions prismatiques qui donnent tant de beauté au paysage. On évalue à 12 kilomètres carrés la superficie couverte par cette cheire. Une autre coulée célèbre est celle de Gravenoire, qui est descendue dans la vallée de Royat, où une excavation creusée par le ruisseau permet de mesurer son épaisseur de 20 mètres. A l’extrémité du courant septentrional de Gravenoire, se trouve une Grotte du Chien, où le gaz carbonique est fort abondant.

Les coulées de lave s’appellent cheires : leur aspect singulièrement raboteux et hérissé montre que le mot cheire correspond, dans la prononciation auvergnate, à l’expression latine de serra (scie). La marche est difficile sur la cheire, dont la stérilité est grande, parce que le travail est si difficile sur ce sol ravagé qu’il a été rarement tenté ; cependant, dans les étroits intervalles qui séparent les amoncellemens de blocs pousse, spontanément, la fraîche flore de la montagne. ; Et, dans la cheire de