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apparaît imposante, formée par des escarpemens rocheux successifs, continus, alternant plusieurs fois avec des pentes très rapides couvertes d’herbes, de broussailles, de forêts… ! »

La caldera est rompue par les vallées de la Cère, de la Jordanne et de l’Alagnon, rivières qui ont leur source, des entonnoirs béans, à sa partie inférieure. Au contraire, un grand nombre d’autres vallées descendent en droite ligne des hauteurs du volcan, rayonnant avec une symétrie parfaite. On compte ainsi douze vallées de premier ordre, et dix de second ordre, intercalées entre les premières et échancrant moins profondément le sol. La physionomie de notre vieil Etna sera complétée quand nous aurons dit que chacun des grands puys commande un plateau basaltique, de forme triangulaire, qui représente le produit de ses éruptions. Le plus important est celui de la Planèze, sous le Plomb du Cantal, dont il est séparé par une dépression profonde.

Le Mont-Dore est un massif d’une surface de neuf cents kilomètres carrés, avec un grand axe de quarante-deux kilomètres environ, un petit axe de trente. Il est relié au Cantal par un autre massif volcanique, le Cézallier, qui atteint l’altitude de 1 500 mètres. Le point culminant en est le pic de Sancy, qui a 1 886 mètres au-dessus du niveau de la mer et qui est un rocher pyramidal de trachyte porphyroïde, dont les touristes se plaisent à faire l’ascension. La Banne d’Ordanche (1 515 mètres) et l’Aiguiller (1 547 mètres) étaient avec le Sancy les principaux centres éruptifs de cette région.

Poulett Scrope, qui avait fait plusieurs voyages en Italie, pour en étudier les volcans et qui a écrit la Géologie des volcans éteints du centre de la France[1], voit dans les traits qu’il avait observés au Mont-Dore « les traces d’un vaste cratère démantelé qui n’est pas sans ressembler au tableau que présente en ce moment (1823) le cratère récent du Vésuve, ouvert dans les entrailles de la montagne par l’éruption de 1822 ; cratère dont les escarpemens abrupts et à pic, comme ceux des gorges, sont formés d’un conglomérat de scories et de fragmens volcaniques enveloppant des lits horizontaux de lave, et pénétrés par de nombreux dykes de la même substance, le plus souvent verticaux et se séparant en prismes horizontaux. »

Le cratère principal d’où sont sorties les laves trachytiques

  1. Traduction d’Endymion Pierraggi, 1 vol. in-8 ; Paris, 1864.