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sommet et par sa calotte de basalte dans une vaste circonférence de montagnes trachytiques, reliées entre elles par des crêtes de même composition lithologique. Au centre de ce cirque, s’élève un piton à trois sommets dont le plus haut, le puy Griou, est moins élevé que la plupart des montagnes qui l’entourent et qui ont l’air de lui faire cortège. Il n’a que 1 694 mètres d’altitude. Ces montagnes sont, après le Plomb : le pic du Rocher (1 800 mètres), le puy de Peyroux (1620 mètres), le puy de Bataillouze (1 686 mètres), le puy de Peyre-Arse (1 567 mètres), le puy Mary (1 781 mètres, le puy Chavaroche, ou l’Homme de Pierre (1 744 mètres), le Courpou-Sauvage (1 490 mètres), le puy Filhol (1 580 mètres), le pic de l’Elancèze (1 503 mètres), le puy Brunet (1 606 mètres), le Cantalon (1 805 mètres). Cette nomenclature et ces chiffres donnent une idée du massif, surtout lorsque l’on considère que le cirque trachytique est lui-même entouré d’une autre guirlande circulaire de puys basaltiques moins élevés en général que les précédens, mais dépassant tous 1 500 mètres.

Il y a déjà longtemps qu’un pharmacien d’Aurillac, Rames, céda à la séduction qu’exerce l’histoire naturelle sur les esprits d’élite. Il associa à la pratique du Codex l’étude du Massif du Cantal et peu à peu cette étude réduisit le temps accordé à l’exécution des ordonnances magistrales. Il fit un nombre immense d’observations, qui dénotent chez lui plus que les qualités ordinaires du naturaliste. Esprit enthousiaste et débordant, il a, en maintes circonstances, fait preuve d’une intuition presque géniale. Il gravit chaque sommet, le mesura, en détermina la substance, puis il coordonna les lieux présentant entre eux des liens qui lui paraissaient évidens et superposa, à la topographie d’aujourd’hui, et vraiment par les yeux de l’esprit, la conception d’une géographie antérieure. Celle-ci, dont les traits primitifs ont été détruits par l’exercice des actions érosives auxquelles la surface du sol est en proie sans relâche, lui révéla, bien au-dessus de la surface actuelle du pays, l’existence de deux cimes, distantes de 4 200 mètres l’une de l’autre et plongeant dans l’atmosphère à une hauteur approximativement indiquée par le point de convergence de l’ensemble des plateaux actuels qui recouvrent les flancs du massif cantalien.

À ces deux cimes idéales, le poète dissimulé dans le naturaliste attribua les noms de deux géologues éminens : l’une est pour lui le sommet du Mont Saporta ; l’autre, l’apex de l’Albert