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termes les plus simples. Il est excellent ; il écarte les objections et a le grand mérite d’assurer la fixité des effectifs, ce qui est la condition essentielle et primordiale que doit réaliser une bonne loi du recrutement. Le gouvernement n’a pas hésité à se rallier, dans son ensemble, au projet Montebello-Reinach ; il y reconnaissait ses propres intentions ; il les y voyait réalisées sous une forme mieux adaptée aux préoccupations de nos assemblées parlementaires et à celles du grand public. Souhaitons que ce projet soit voté le plus tôt possible ; mais, si tôt qu’il le soit, il ne le sera pas assez pour permettre au nouveau système de fonctionner dès le départ de la seconde classe actuellement sous les drapeaux. Le serait-il, que nous subirions une fois encore le grave inconvénient qui a été si souvent signalé et auquel il n’a jamais été porté remède, à savoir que pendant six mois, du 1er octobre d’une année au 1er avril de l’année suivante, nous n’avons sous les drapeaux qu’une classe insuffisamment instruite et une autre qui ne l’est pas du tout. Qui ne sent le danger d’un pareil état de choses ? Qui ne tremble rétrospectivement à la pensée de ce qui aurait pu en résulter ? C’était là une des plus redoutables conséquences du service de deux ans.

Qu’a fait, ou plutôt que va faire le gouvernement ? M. Barthou l’a dit dans son discours de Caen : s’appuyant sur un article de la loi actuelle, il a annoncé qu’il maintiendrait provisoirement sous les drapeaux la classe libérable le 30 septembre. On s’y attendait, on n’en était pourtant pas tout à fait sûr, on ne saurait trop remercier le gouvernement de s’y être résolu. Il doit être interpellé sur cette résolution ; sa réponse sera facile, l’adhésion de la Chambre n’est pas douteuse. On pourra alors discuter la loi nouvelle en repos d’esprit et en tranquillité de conscience, puisqu’en fait elle sera appliquée avant d’être votée. Pour qu’il en fût ainsi, le gouvernement a engagé courageusement sa responsabilité. Il a rattrapé par là l’avance que le gouvernement et le Reichstag allemands avaient prise sur nous. Qui ne l’en féliciterait ?


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.