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avec lesquelles le gouvernement va être aux prises. Comment les résoudra-t-il ?

Quant à l’extérieur, on sait combien la situation s’y est compliquée depuis quelque temps. Déjà le septennat de M. Fallières a été, sinon troublé, au moins agité par des questions très graves : aucune n’est complètement résolue, et celles mêmes qui paraissent l’être peuvent se poser à nouveau du jour au lendemain. Mais il ne s’agit pas seulement aujourd’hui de celles qui nous touchent d’une manière directe et que nous avons soulevées nous-mêmes ; il en est d’autres, qui sont nées en dehors de nous et dont les contre-coups peuvent nous atteindre subitement en vertu de la solidarité qui, bon gré mal gré, unit toutes les nations de l’Europe, dans quelque combinaison politique qu’elles se trouvent engagées. La grande secousse qui vient de se produire en Orient sera certainement suivie de plusieurs autres. Nous entrons dans une période historique dont les péripéties seront nombreuses et longues avant de nous conduire à un ordre de choses à peu près stable. Il importe donc d’avoir, non seulement un gouvernement chargé de la besogne quotidienne, mais à côté de lui, pour maintenir la fixité de notre politique, un homme qui connaisse l’Europe, qui en soit connu, qui ait pratiqué les affaires, qui inspire confiance, qui ait assez vécu dans le passé pour avoir, suivant une expression chère à M. de Talleyrand, quelque avenir dans l’esprit. Parmi les candidats à l’élection présidentielle, plus d’un assurément offrent à cet égard des garanties sérieuses, mais il importe que le vote du Congrès se porte sur un de ceux-là. Quelle ne serait pas la responsabilité du régime lui-même si, les circonstances venant à s’aggraver encore, notre personnel gouvernemental n’était pas constitué de manière à y faire face ? Les hommes ne nous manquent pas : il s’agit seulement, pour qu’ils aient toute leur valeur, de mettre chacun à sa place. Le miracle serait grand si, avant sept ans, l’occasion ne se présentait pas pour notre gouvernement de faire preuve de vigilance, d’intelligence, de fermeté, au milieu d’événemens qui ne font que commencer et dont la fin nous échappe. Le Président de la République ne sera pas le directeur de notre politique, soit ! mais il peut en être très utilement le régulateur.

Il serait peu convenable de notre part de vouloir indiquer celui qu’il faut élire, ou même de tracer le portrait des candidats avec la prétention de mesurer exactement le mérite des uns et des autres. Des notes parues dans les journaux, avec le consentement de MM. Ribot et Poincaré, les seuls jusqu’ici dont la candidature soit officielle, ont