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choisi parmi les membres de la Chambre Haute. À ce « Parlement impérial de Défense » seraient renvoyées exclusivement les affaires communes à l’Empire entier, les questions de paix ou de guerre, les traités, les relations extérieures en général, la défense impériale, et la création de ressources pour le soin des susdites affaires. Pendant les dix premières années, le « Parlement impérial de Défense » n’aurait cependant pas le droit d’établir des impôts : mais la part de dépense incombant à chaque Dominion devrait être considérée par lui comme une dette. Après ces dix années, les divers Dominions auraient à régler d’accord la manière dont leurs contributions seraient levées… Les représentans des Dominions étant en faible minorité, relativement à ceux du Royaume-Uni, pour éviter toute taxation oppressive, leur contribution par tête de population blanche ne pourrait dépasser 50 pour 100 de la contribution par tête imposée au Royaume-Uni.

Afin de mettre en valeur les heureux effets de son système sur la défense de l’Empire, sir Joseph Ward ajoutait, à titre d’exemple :

Sur une base de 13 millions d’habitans blancs dans les divers Dominions (l’évaluation est modérée), 10 shillings (12 fr. 50) par tête donneraient 6 millions et demi de livres sterling, ce qui permettrait de construire trois Dreadnoughts par an. Si l’on préférait faire de ces contributions le gage d’un emprunt, on pourrait se procurer la somme nécessaire à la construction de 25 Dreadnoughts, soit 50 millions sterling, et l’amortir en quinze ans.

Telles sont les propositions concrètes par lesquelles sir Joseph Ward entend réaliser les « rêves » de lord Rosebery. On observe qu’il est surtout question ici d’union militaire, tandis que, dans la propagande de M. Chamberlain, l’union commerciale se trouvait au premier plan. C’est pure affaire de tactique. Un ministère libéral et nettement libre-échangiste détenant le pouvoir, les dernières élections anglaises ayant paru marquer peu d’enthousiasme pour le Fair Trade et la Tariff Reform, le traité de réciprocité entre les États-Unis et le Canada, — dont la ratification semblait alors probable, — paraissant constituer un obstacle à l’union commerciale, il n’eût guère été adroit, de la part d’un colonial surtout, de mettre celle-ci trop en avant. Par ce temps de revendications ouvrières, la menace de renchérisse ; ment de la vie, conséquence bien probable de tarifs protecteurs, même légers, eût soulevé, dans le parti au pouvoir en Grande-Bretagne, une opposition immédiate et absolue. Toutefois, les paroles de M. Balfour, comme celles de sir Mackenzie Bowell, que nous avons rapportées, montrent