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seul but : fournir aux généraux, à force d’énergie, d’activité, de volonté, les moyens de faire ce qu’ils pourraient, et toutes les fois qu’ils avaient besoin de quelque chose, je le leur fournissais. Ils sont obligés d’en convenir. »

Il est certain que, pour les premières actions décisives de l’armée de la Loire, un premier Conseil se tint à Salbris, le 24 octobre 1870, entre MM. de Freycinet, Sourdeaux et de Serres avec les généraux d’Aurelle de Paladines, Borel, Pourcet et Martin des Pallières ; puis un second Conseil eut lieu le 26 octobre avec les mêmes, y compris Gambetta. Pour les opérations qui devaient se lier avec celles de Paris, elles furent décidées le 30 novembre dans un Conseil formé de MM. de Freycinet, de Serres et des généraux Bourbaki, d’Aurelle de Paladines, Borel et Chanzy.

Le général Borel, qui devint ministre de la Guerre en 1879, a dit en toute impartialité que l’élément civil transmettait aux généraux d’excellens renseignemens et souvent fort utiles, mais émettait quelquefois aussi des appréciations erronées. « Ainsi, quand on nous donnait 25 000 hommes, on nous disait : « Vous avez 25 000 soldats. » Il avoue aussi qu’on a été parfois injuste pour ses camarades, et notamment pour le général Crouzat après l’évacuation d’Orléans. Il déclare que la position d’Orléans était une position détestable, puisqu’elle a derrière elle un fleuve qui fuit à droite et à gauche et n’offre aucun appui. « On a forcé l’armée d’y rester, parce qu’on voulait se rapprocher de Paris. C’était la seule excuse de cette mauvaise position. » Ces critiques faites, il a dit en propres termes : « Il faut rendre justice à l’Administration de la Guerre du 10 octobre. Elle a rendu de très grands services et elle a fait tout ce qu’il était matériellement possible de faire. Elle a été souvent pour nous sévère et même injuste, mais ce n’est pas une raison pour que nous ne lui rendions pas justice. Il y a eu un homme qui, sous le titre modeste de Délégué à la Guerre, a rendu d’immenses services dont on ne lui est point reconnaissant, parce qu’il n’a pas réussi. C’est à lui cependant que nous devons l’improvisation de nos armées auxquelles manquaient la force morale, la discipline, l’instruction militaire, la confiance en soi et l’organisation que la tradition peut seule nous donner. Comme création d’armées, je doute qu’aucune administration quelconque pût faire autant que celle-ci a fait. »