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améliorer. La sagesse, en pareille matière, consiste à suivre l’exemple d’un ancien ministre de la Guerre, qui a laissé le souvenir d’une brusquerie parfois exagérée, mais aussi d’un bon sens impeccable. Sous son ministère, après des travaux préparatoires ayant duré plusieurs années, on venait de faire un long règlement sur je ne sais plus quelle partie du service. Quelques mois après, on lui adressa un rapport, signalant quelques imperfections de détail de ce règlement, et proposant des modifications en vue d’y remédier. Le général Campenon renvoya le rapport à son auteur, après avoir écrit en marge ces simples mots : « M’en reparler dans dix ans. »

Procédons de même en ce qui concerne notre organisation aéronautique. Elle a aujourd’hui un an d’existence, ce n’est pas le moment de la transformer de fond en comble ; ce qu’il faut, c’est ne lui ménager ni notre appui moral, ni les moyens d’action matériels.

L’appui moral ne lui manque pas. Tous les Français suivent avec une satisfaction évidente les progrès de notre flotte aérienne ; ils ont tous senti, et c’était la vérité, qu’au cours de la crise extérieure que nous venons de traverser, notre aéronautique militaire a été un atout sérieux dans notre jeu, et a contribué pour sa part à faciliter la tâche de nos négociateurs. Le public pense naturellement que, si les progrès de l’aéronautique militaire sont réels, c’est que son organisation n’est pas mauvaise.

Si, du grand public, on passe aux milieux aéronautiques, l’Inspection permanente y est certainement populaire. Son chef et ses collaborateurs ont conquis une autorité incontestable parmi les constructeurs, les aéronautes et les aviateurs ; on sollicite leur présence à toutes les réunions, on les appelle à siéger dans toutes les commissions d’étude. En revanche, chaque fois que l’Inspection permanente fait appel au concours des Sociétés civiles d’aéronautique, elles y répondent avec empressement. Pendant les manœuvres, les Blériot, les Farman, les Bréguet, et tous leurs camarades les aviateurs civils, sont fiers d’endosser l’uniforme de l’officier ou même du soldat réserviste.

Indépendamment de ces concours individuels, les Sociétés interviennent, chacune à sa façon. C’est ainsi que l’Aéro-Club aide au contrôle de l’habileté des pilotes, et que le brevet établi par cette Société est considéré comme une sorte d’admissibilité au brevet plus sévère d’aviateur militaire. L’Aéro-Club