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d’aujourd’hui, et pourront exécuter des voyages de plus longue durée, en transportant des charges importantes. Peut-être même commencera-t-on à essayer de leur faire jouer un rôle offensif, c’est-à-dire de lancer des projectiles du haut des airs et d’essayer de détruire les escadrilles aériennes de l’adversaire. Ces aéroplanes nouveaux seront, comme les plus petits, groupés en unités homogènes, qui, en raison de l’importance de chaque appareil, mériteraient le nom d’escadres.

Enfin, notre flotte sera sans doute complétée par des croiseurs et des éclaireurs plus légers que l’air, les premiers chargés des reconnaissances à très longue portée, et les autres servant surtout d’estafettes et de liaisons.

Je n’ai aucune inquiétude sur la réussite de ce programme au point de vue technique ; ce qui est plus douteux, c’est que les états-majors sachent tirer parti aussi complètement que possible du nouvel engin mis à leur disposition. En 1910, les aéroplanes étaient plutôt un objet de curiosité pour le commandement ; on désirait surtout savoir comment ils marchaient. En 1911, tout en tirant des reconnaissances aériennes effectuées un parti plus sérieux, on expérimenta la mobilité et l’endurance des escadrilles aériennes.

Certes, il faudra encore en 1912, et il faudra toujours faire des expériences ; néanmoins, je crois que l’aviation a suffisamment fait ses preuves pour qu’aux prochaines manœuvres le commandement songe moins à l’expérimenter qu’à l’utiliser. C’est une chose beaucoup plus difficile à obtenir qu’on ne le suppose généralement.

Quoi qu’il en soit, la flotte aérienne que nous posséderons à la fin de 1912, sans réaliser toutes les conditions idéales, constituera un organisme puissant, susceptible de jouer un rôle utile en cas de guerre.

Qu’on se figure ce qui serait arrivé si, en 1870, nous avions possédé quelques croiseurs de l’atmosphère et quelques escadrilles aériennes ; il n’est pas téméraire de dire que l’issue de la campagne aurait pu être complètement modifiée.


VIII

Pour ne pas allonger outre mesure cet article, je ne parlerai pas des appareils secondaires de navigation aérienne :