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important, mais non sans valeur. Pour qu’un général tire parti comme il convient des renseignemens qui lui sont fournis par une reconnaissance aérienne, il faut qu’il ait confiance dans celui qui les lui rapporte. L’observateur doit donc être un officier parfaitement au courant des choses qu’il doit voir ; de plus, il est bon, je serais presque tenté de dire indispensable, qu’il soit connu personnellement du général, et que celui-ci n’ait aucune inquiétude sur son habileté d’observateur et la rectitude de son jugement. L’officier ainsi choisi ne sera généralement pas un pilote ; il faut donc avoir deux places à bord des aéroplanes militaires, sous peine de se priver des services des observateurs les plus qualifiés.

Dans le même ordre d’idées, il convient de remarquer que si les officiers pilotes d’aéroplanes peuvent, en même temps, être de bons observateurs, il n’en est pas de même des aviateurs civils, dont les services seront utilisés en temps de guerre. Beaucoup d’entre eux, et non des moindres, qui ont gagné des prix dans des épreuves sensationnelles, ne savent pas lire une carte, et éprouvent les plus grandes difficultés à s’orienter. Comment songer à leur demander de faire des observations d’ordre militaire ? Si l’on n’avait que des monoplaces, on serait obligé de renoncer à utiliser les pilotes de ce genre, qui ne pourraient rendre aucun service aux armées.

Nous admettrons donc, et en cela nous sommes d’accord avec les dirigeans de notre service d’aéronautique militaire et avec les personnes les plus compétentes, parmi lesquelles nous pouvons citer le général Langlois et M. Clémentel, rapporteur du budget de la Guerre, qu’il faut à l’armée, en général, des biplaces, mais que les monoplaces peuvent être utilisés dans bien des circonstances.

On peut discuter à l’infini sur la proportion à donner, dans notre flotte aérienne, aux deux types d’appareils ; je suis, pour mon compte, d’avis que les monoplaces doivent être en minorité, et entrer pour un quart à un tiers dans l’effectif total.

Je ne crois pas que les partisans systématiques des monoplaces puissent arriver à faire bannir les biplaces de notre armée ; mais peut-être réussiront-ils à obtenir que les proportions soient inversées, et que dans les commandes à faire au cours du prochain exercice, on donne la majorité aux monoplaces. Ce serait, à mon avis, une erreur, dont je me