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d’Aéronautique d’avoir acheté quelques appareils qui sont actuellement inutilisables ; il serait plus exact de dire qu’ils sont inutilisés, parce que leur acquisition remontant déjà à une époque lointaine (en aviation, cette expression veut dire de un à deux ans), on les a laissés de côté pour se servir d’aéroplanes plus modernes, et par conséquent plus perfectionnés. D’ailleurs, ainsi qu’on peut le voir dans le rapport de M. Clémentel sur le budget de la Guerre, il y a eu, en tout, quatre aéroplanes rentrant dans cette catégorie ; ils ont été commandés à la fin de 1910, et livrés au commencement de 1911 ; après les premiers essais, ils ont été reconnus d’un emploi dangereux, et on a décidé de ne s’en servir qu’après les avoir transformés. Je me demande quels reproches on aurait adressés à l’administration de la Guerre si elle avait laissé ces appareils en service, tels quels, au risque de causer la mort de quelques aviateurs de plus ? Pour rassurer, d’ailleurs, les censeurs très soucieux des deniers de l’Etat, nous leur diions que ces aéroplanes défectueux représentent 2 pour 100 du nombre total des appareils, et 3 pour 100 de la dépense globale nécessitée par leur achat. Ce qui m’étonne, pour mon compte, c’est que notre service d’aéronautique militaire n’ait pas commis de plus nombreuses erreurs de ce genre.

On doit, à l’heure actuelle, considérer la diversité des aéroplanes en service dans l’armée comme un mal inévitable pendant quelque temps encore ; mais on a cherché à en atténuer les inconvéniens par deux mesures excellentes, l’une d’ordre technique, l’autre d’ordre administratif.

La première consiste à imposer, autant que possible, aux constructeurs des mécanismes de commandes analogues, de façon que dans un biplan comme dans un monoplan, dans un Blériot comme dans un Bréguet, le pilote ait toujours les mêmes gestes à faire, qu’il manœuvre des leviers, des volans ou des pédales de disposition semblable, pour obtenir un résultat déterminé. En passant d’un appareil à l’autre, le pilote ne sera pas désorienté, et les réflexes qu’il aura pu acquérir sur un aéroplane lui serviront sur tous. Des difficultés pratiques se sont opposées à la réalisation complète de ce desideratum, mais on en poursuit sérieusement l’application, et c’est déjà un fait acquis su un certain nombre d’aéroplanes différens.

L’autre mesure consiste à grouper dans une même escadrille aérienne des appareils identiques ; de cette manière, possédant