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d’autres considérations à envisager, l’hésitation ne serait pas possible, c’est aux aéroplanes qu’il faudrait donner la préférence.

Il convient néanmoins de remarquer que, dans ces derniers temps, les vitesses des dirigeables, qui ne dépassaient guère 45 à 50 kilomètres, se sont accrues notablement, et on cite, en Allemagne et en Italie, des dirigeables ayant pu faire en air calme 70 et 75 kilomètres à l’heure. C’est évidemment un beau résultat ; mais les aéroplanes ont atteint depuis longtemps ces vitesses, et les dépassent fréquemment : témoin Weymann, le vainqueur du concours militaire de Reims, grâce à une vitesse effective de près de 117 kilomètres, ce qui suppose une vitesse propre supérieure certainement à 120.

Au point de vue de l’altitude, il y a deux ans, ni les dirigeables, ni les aéroplanes ne possédaient les qualités nécessaires, mais la supériorité appartenait aux dirigeables ; depuis, ils ont fait des progrès les uns et les autres, et tous deux peuvent dépasser l’altitude de 1 500 mètres, et s’y maintenir pendant une durée suffisante. Ce sont même aujourd’hui les aéroplanes qui, sous ce rapport, ont encore la supériorité.

Mais il n’en est pas de même au point de vue du rayon d’action. C’est à titre tout à fait exceptionnel que les aéroplanes ont effectué, jusqu’à présent, des parcours voisins de 60 kilomètres, et encore ce sont des aéroplanes monoplaces, c’est-à-dire à un seul voyageur, qui, ainsi que nous le verrons plus loin, ne sauraient convenir aux reconnaissances stratégiques. En revanche, les dirigeables ont récemment accompli des voyages de longue durée : tout le monde se souvient du magnifique exploit de l’Adjudant-Réau qui resta 21 heures 20 minutes en l’air, en parcourant plus de 989 kilomètres, d’après l’itinéraire : Issy, Paris, Epernay, Châlons, Verdun, Toul, Epinal, Remiremont, Epinal, Vesoul, Langres, Troyes, Provins, Issy. A l’heure actuelle, on peut dire que, seuls, les dirigeables sont capables d’effectuer les grandes reconnaissances stratégiques ; il leur suffit pour cela d’avoir un volume assez grand, et tout le monde est d’accord aujourd’hui pour fixer ce volume au minimum à 8 000 mètres cubes. Ce seront les croiseurs de notre flotte aérienne.

Certes, les dirigeables sont des engins coûteux, encombrans, exigeant pour leur manœuvre un personnel important ; c’est une affaire entendue, mais du moment où ils sont encore