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BISMARCK ET LA PAPAUTÉ
LA PAIX (1878-1889)

I
LES PREMIERS POURPARLERS. — LA RETRAITE DE FALK (1878-1819)

Pie IX vivant n’avait jamais cédé devant Bismarck ; et devant Pie IX mort, Bismarck recula. Le chancelier de l’Empire, entre 1872 et 1876, s’était fiévreusement préoccupé du futur conclave ; vaincu par la résistance passive du Pape d’aujourd’hui, il s’était demandé si les Etats de l’Europe ne pourraient pas aider l’Allemagne à faire le Pape de demain, ou convenir entre eux, tout au moins, de ne reconnaître le nouveau Pontife qu’après s’être assurés de ses intentions pacifiques et dociles. Mais il semble que, dès 1877, cet audacieux dessein d’intimider le Sacré-Collège, au nom de l’Europe et de concert avec l’Europe, pour le faire voter à son gré, avait cessé de tenter l’imagination bismarckienne. Bismarck, cette année-là, disait à Crispi : « Tous les Papes me sont égaux, réactionnaires ou libéraux. La papauté est une solide institution. C’est en elle que le mal réside ; aucun Pape, quoi qu’il veuille, ne peut agir à sa guise. » Quelques mois se passaient ; la mort de Pie IX mettait en émoi les gazettes berlinoises ; pour la première fois, dans la métropole du protestantisme, on se passionnait pour les prochains scrutins du Vatican ; le Culturkampf avait eu cet