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REVUE DRAMATIQUE


VARIETES : Les Favorites, comédie en quatre actes par M. Alfred Capus. — VAUDEVILLE : Les Sauterelles, pièce en cinq actes par M. Emile Fabre. — GYMNASE : Le Bon petit Diable, comédie en trois actes en vers par Mme Rosemonde Gérard et M. Maurice Rostand, d’après le roman de Mme de Ségur.


Notre régime politique a été assez malmené par le théâtre, pendant ce dernier mois. Que ses ennemis ne se hâtent pas de s’en réjouir ! Qu’ils n’y voient surtout pas un signe des temps et une nouveauté ! Le théâtre est toujours de l’opposition. Sous tous les régimes, il est contre le régime. Un théâtre qui ferait l’éloge du gouvernement aurait d’abord contre lui tous ceux qui défendent ce gouvernement et ont donc besoin qu’on l’attaque. Il existe d’excellens ouvrages où de consciencieux érudits ont fait l’histoire de l’opposition en France, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, rien qu’en racontant des pièces de théâtre. Il n’y a qu’un exemple d’une pièce où il soit parlé du « prince » en termes honnêtes : et le malheur veut que la comédie où se trouve le vers fameux


Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude…


soit celle qui a été le plus exploitée par les fauteurs d’idées subversives. Sous la monarchie de Juillet, le théâtre de Victor Hugo, auquel on peut joindre celui de Dumas père, fut un long réquisitoire contre la royauté. A l’époque du second Empire, les Effrontés, et aussi la Grande-Duchesse, furent la satire de l’époque impériale. Au temps de la République conservatrice, Rabagus fut un pamphlet contre le personnel républicain d’alors ; et depuis que la République