Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rester pour le moment, à moins que vous ne préfériez Seaham. Comme j’ai le plus pressant intérêt à licencier la maison, il est à désirer que la date de votre départ soit fixée le plus tôt possible ; mais, tout naturellement, vos désirs et vos convenances doivent être consultés avant tout. Il va sans dire que l’enfant vous accompagne. Il y a une voiture plus douce et plus sûre que le carrosse ; je vous en ai déjà parlé. Vous ferez là-dessus comme vous voudrez. »

Lady Byron se déclara prête à obéir et, en effet, le 15 janvier, elle quittait avec sa petite fille la maison où ils avaient vécu depuis plusieurs mois (13, Piccadilly) et où elle laissait derrière elle sa belle-sœur Augusta. Elle se rendait chez ses parens, à Kirkby Mallory. En route, elle adressa à son mari un billet amical ; et, arrivée à destination, elle lui en écrivit un autre qui commençait par : « Mon cher canard, » et qui était signé de son surnom familier : Pippin. Dans cette lettre, elle ne manquait pas d’adresser un tendre souvenir à sa chère Goose et donnait gaîment des nouvelles de miss. » Byron fut donc extrêmement surpris de recevoir, quelques jours plus tard, de Kirkby Mallory une glaciale missive dans laquelle sir Ralph Noël lui signifiait qu’en présence des faits qui avaient été portés à sa connaissance, il ne pouvait qu’approuver la résolution prise par sa fille d’obtenir une séparation. Le poète écrivit alors à sa femme une lettre convenable, émue et même touchante. Sans nier certains torts, il protestait qu’il n’avait jamais eu la pensée que lui attribuait son beau-père de « chasser » sa femme du domicile conjugal. Elle connaissait aussi bien que lui les motifs qui lui avaient fait désirer son éloignement momentané. Quand elle rentrerait chez elle, elle y serait toujours reçue avec la même affection. Byron la suppliait de dire si elle endossait la lettre écrite par son père et s’il avait réellement exprimé sa pensée en parlant de séparation. Lady Byron adressa sa réponse à Augusta. Oui, elle était pleinement d’accord avec son père dont la lettre traduisait ses propres intentions. Elle accompagnait cette déclaration des paroles les plus affectueuses pour Augusta envers qui elle gardait tous les sentimens d’une sœur et d’une amie.

Lady Byron prépara, avec l’assistance des siens, une liste des motifs sur lesquels elle appuyait sa demande en séparation. Cette liste contenait seize articles, dont quelques-uns étaient un