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de francs à 3 p. 100 ; cette personne, c’est la Ville de Paris. Elle ne doit pas acheter un mètre de terrain, ni remuer une brique, ni gâcher un sac de plâtre pour construire elle-même des maisons ouvrières. Encore moins doit-elle exploiter directement ; ses locataires ne la paieraient pas. Les millions qu’elle empruntera d’une main, elle doit les prêter de l’autre à toutes les sociétés solvables, — il n’en manque pas et des plus compétentes, — moyennant l’obligation de se conformer à un cahier des charges bien défini, dont les agens municipaux surveilleraient l’exécution.

Mais ce n’est pas avec 10 ou 100 millions que l’on bâtira assez de maisons pour influer sur le taux des loyers inférieurs à 500 francs, qui s’appliquent aux trois quarts des logemens parisiens, — 736 000 sur 980 000, — et abritent plus de 2 millions d’habitans. On y parviendrait sans doute en édifiant 700 immeubles neufs capables de contenir 100 000 ménages ou 400 000 âmes. D’après les résultats acquis, la dépense serait de 770 millions et, en ménageant de très vastes cours, égales à la surface bâtie, il faudrait un peu moins de 200 hectares.

Bien que Paris soit une très petite ville au regard de sa population, sur les 7 200 hectares dont se compose sa superficie, il s’en trouve encore des centaines propres à bâtir. Rien d’ailleurs n’empêche de croire que les propriétaires actuels, par la crainte d’être abandonnés de leur clientèle, se résoudraient à prendre part eux-mêmes à ce mouvement de rénovation ; mais il appartient à la société en corps de donner le branle par son crédit à cette œuvre d’assainissement et de progrès, puisque le libre jeu des intérêts privés n’a pas suffi jusqu’à ce jour à l’accomplir.


GEORGES D’AVENEI..