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et un pied, tandis qu’à Fez ou à Marakech, en sa capitale, en sa cour, il aurait eu deux têtes, une tête française et une tête espagnole ; nullement indifférent non plus que nous eussions ou n’eussions pas envisagé, même dans un entretien fugitif et par des paroles en l’air, la possibilité de céder à l’Empire allemand un port sur la côte atlantique. Nous ne savons, d’une manière sûre, ni cela, ni rien. Et l’on croirait, à lire certains journaux, que nous sommes trop curieux et qu’on ne désire pas nous renseigner. Mais quelques documens retrouvés par hasard ont été versés au dossier ; on ne fait pas à la vérité sa part ; quand on en tient un bout, il ne tarde guère qu’on ne la tienne toute.


Cependant les chicanes commencent, ou l’on dit qu’elles vont commencer. Oh ! de bonnes chicanes bourgeoises, mais allemandes, de bornage et de mur mitoyen. Un bruit persistant se répand. Des divergences d’interprétation se seraient déjà élevées sur deux points principaux de l’accord congolais, à savoir la possession des îles du Congo en face des enclaves allemandes et la largeur de ces enclaves sur les rives du Congo et de l’Oubanghi. Laissons le premier point. Mais, quant au second, « il est à remarquer que dans les explications que M. de Kiderlen-Waechter a fournies à la commission du budget du Reichstag au sujet des pointes d’accès accordées à l’Allemagne sur le Congo et l’Oubanghi, il a émis l’opinion que certaines îles du Congo revenaient à l’Allemagne. Répondant à la question de savoir si, sur la largeur des rives accordées à l’Allemagne, la souveraineté de celle-ci s’étendait aux îles qui y faisaient face, M. de Kiderlen a prétendu que cette souveraineté s’étendait jusqu’au milieu du fleuve. Il ajoutait que la France n’avait pas formulé de réserves quant aux îles, et que celles qui se trouvaient dans les limites de cette souveraineté devaient donc revenir à l’Allemagne. »

Le gouvernement français, au contraire, s’en tenant littéralement au texte de l’accord, soutient qu’il a tout dit ou qu’il a assez dit, en disant : la rive ; que la rive, c’est la rive, et non pas le fleuve ; la terre, et non pas l’eau, encore moins les îles. Il ajoute, lui, que s’il survenait là-dessus une contestation entre la France et l’Allemagne, « celle-ci devrait, comme tous les différends entre les membres de la Commission technique de délimitation, être tranchée par un arbitre appartenant à une tierce puissance, et désigné d’un commun accord par les deux gouvernemens, conformément à la lettre explicative annexée à l’accord congolais du 4 novembre dernier. » L’Allemagne