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laquelle ils travaillent sous des instructeurs anglais ; ainsi naissent des amitiés durables ; beaucoup de Chiliens instruits, apparentés à des familles britanniques, parlant l’anglais aussi couramment que l’espagnol. Valparaiso, cité du commerce, des banques, des maisons de consignation, possède sur l’un de ses cerros tout un quartier anglais avec des temples, un peu froids, et des cottages encadrés de jardinets fleuris ; à l’occasion du Centenaire, ses résidens ont offert un arc de triomphe à la municipalité.

Les Allemands furent des colons, au Chili, avant de devenir des commerçans, des industriels et des banquiers. La colonisation allemande a commencé autour de la baie de Valdivia, en 1857 ; encouragée par le gouvernement chilien, elle s’est enracinée dans cette région au climat doux et humide, favorable à une agriculture qui rappelle celle des rives de la mer du Nord ; mais ces Allemands des campagnes se sont vite fondus dans le milieu chilien ; les mariages mixtes, l’amalgame des affaires quotidiennes les ont rapidement assimilés ; le mouvement de l’immigration s’est ensuite ralenti, non sans que le Chili eût gagné des travailleurs sérieux, qui ont contribué pour une part notable à l’aménagement de ses provinces continentales du Sud. Dans les villes, les Allemands résistent plus longtemps, mais les plus clairvoyans de ces résidens ne se dissimulent pas que l’absorption ethnique est seulement retardée. Au reste, il n’importe guère au développement des relations germano-chiliennes, car ces Allemands, même nationalisés, demeurent des agens de propagande disciplinés de l’influence germanique ; ils reçoivent et dressent les nouveaux venus, ils informent leurs compatriotes d’Europe des occasions qui s’offrent autour d’eux ; on doit attribuer à leur sens persévérant de la solidarité, tout autant qu’à l’impression des victoires de 1870, les succès nationaux indéniables que l’Allemagne, depuis quarante ans, a remportés au Chili.

La banque allemande est fortement établie à Santiago et Valparaiso ; beaucoup de négocians étrangers, des Français même, sont ses tributaires ; la Deutsche Bank a créé une filiale, appelée « allemande transatlantique ; » la « chilo-allemande » ne réussit pas moins bien, et l’on annonçait, l’an dernier, la venue imminente d’une troisième société, dépendance de la Dresdner Bank. Ces banquiers s’assurent des