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autorités de la ville, c’est chez l’amiral commandant que les conseillers experts l’inviteront à se présenter tout d’abord.


III

Les fêtes du Centenaire ont apporté au Chili une raison de s’interroger sur lui-même ; il s’est soumis à un examen de conscience dont témoignent diverses publications, plus ou moins officielles, beaucoup d’articles de journaux, nombre de discours parlementaires ; le moment était opportun, pour fixer exactement le point de départ d’une deuxième étape. La forme territoriale de la République chilienne est très particulière : c’est une bande littorale, longue de près de 5 000 kilomètres, entre 18° et 54° de latitude Sud, et dont la superficie totale est supérieure de moitié à celle de la France ; la population, recensée en novembre 1907, était de 3 250 000 habitans ; elle s’élève peut-être à 3 millions et demi aujourd’hui, comparable à celle du département de la Seine ; elle est très inégalement répartie, relativement dense au centre, dans les districts historiques du vieux Chili, rare dans les régions récemment annexées à ce noyau, c’est-à-dire dans le Nord et dans le Sud. Le Chili colonial du Sud se compose d’une côte et d’une série d’archipels découpés de fiords, façade Pacifique du plateau de Patagonie : une zone pluvieuse, boisée, propre aux pêcheries, à l’élevage et sans doute à l’exploitation de quelques placers. Le Nord, au-delà du Tropique, fut un désert jusqu’au jour où les nitrates y attirèrent une population de mineurs et d’usiniers ; ce progrès remonte seulement à 1882-1883, mais depuis lors, telle a été la fortune issue de ces industries, que les provinces septentrionales, habitées par oasis artificielles, ont mérité le surnom de coffre-fort du Chili.

Le centre, pays tempéré par excellence, plus arrosé et forestier du Nord vers le Sud, est le terroir privilégié de l’agriculture ; en certaines provinces, il faut irriguer, comme dans la Californie Nord-Américaine ; au-dessous de Santiago, et surtout de Concepcion, les pluies sont abondantes et cette précaution devient inutile ; mais partout, dès qu’elle est fécondée par Peau, cette terre chilienne porte, on dirait avec joie, les moissons de céréales, les fourrages pour le bétail, la vigne, les arbres