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a donné aux bourses un essor soudain : en quelques jours, en quelques heures presque, le terrain perdu depuis le commence : ment de l’été a été regagné. C’est ainsi que la cote officielle de Paris du 9 novembre enregistre les cours suivans, que nous rapprochons de ceux du 10 juillet précédent :


3 p. 100 français Action Banque de Paris et des Pays-Bas Acton Crédit lyonnais Action Suez Action chem. De fer d’Orléans
10 juillet 1911 94,70 1 741 1 403 5 620 1 215
9 novembre 1911 95,70 1 779 1 548 5 620 1 258

Cette reprise a été d’autant plus remarquable que, si le traité signé à Berlin par MM. Kiderlen-Waechter et Cambon écartait le nuage qui assombrissait l’horizon depuis de longs mois, un autre événement avait surgi qui pouvait faire redouter des complications nouvelles : le roi Victor-Emmanuel III avait déclaré la guerre à la Turquie, débarqué ses troupes en Afrique et proclamé l’annexion de la Tripolitaine à l’Italie. On a pu craindre un moment que le théâtre des hostilités ne fût pas limité à la Cyrénaïque, que la mer Egée vît les cuirassés de Gênes et de Venise réapparaître dans des eaux où, il y plusieurs siècles, les marins de ces deux républiques avaient déjà promené leurs pavillons. Aujourd’hui encore, il n’est pas certain que des complications ne se produiront pas en Turquie, et que l’éternelle question d’Orient, chère aux diplomates et préoccupante pour les nations, ne se pose pas, une fois de plus, devant l’Europe inquiète. Mais l’effet, sur les marchés financiers, de cette guerre et des préoccupations qu’elle peut faire naître a été infinitésimal par rapport à celui de la tension franco-allemande : il est vrai que lorsqu’elle a éclaté, la baisse des cours, d’une part, le resserrement des capitaux, de l’autre, s’étaient produits depuis plusieurs mois et que par conséquent les dangers d’effondrement avaient singulièrement diminué, par le fait que les engagemens de toute nature étaient très réduits. En outre, le budget italien se soldait depuis longtemps par des excédens qui serviront à couvrir les frais de la guerre, au moins au début, et qui écartent pour le moment les projets d’emprunt : la rente nationale, très bien classée, a donc peu fléchi jusqu’ici. Quant aux fonds ottomans, ils ont été plus atteints, sans toutefois que la baisse en ait dépassé 4 à 5 pour 100 : le service de