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ne songeait aux complications marocaines. Il y a longtemps que les Allemands se préoccupent de rechercher les causes de cette faiblesse persistante de fonds certainement comparables, au point de vue de leur mérite intrinsèque, aux meilleures rentes d’Etat, mais dont l’allure, n’a pas cessé, depuis le commencement du siècle, d’être des plus médiocres. Les principales raisons sont, d’une part, la fréquence des émissions qui, presque chaque année, sont venues jeter de nouvelles quantités de rentes sur le marché, d’autre part, la rareté relative des capitaux en Allemagne : nos voisins, même pour des placemens sûrs, ne se contentent pas des taux qui satisfont les Français ou les Anglais. Des raisons techniques s’ajoutent encore à celles-là : les caisses d’épargne, en France et en Angleterre, placent en fonds nationaux la majeure partie de leurs dépôts ; en Allemagne, sur près de 19 milliards de francs déposés aux caisses d’épargne, moins de 2 milliards ont été consacrés à l’achat de rentes indigènes. De même les compagnies d’assurances allemandes, sur un actif de plus de 4 milliards et demi de francs, n’ont guère placé que 70 millions de francs en rentes a 11e-mancles de diverse nature[1].

Mais nous voyons que, dans l’ensemble, il y a eu synchronisme entre les oscillations qui se sont produites sur les trois grands marchés européens ; nous devons même constater que c’est sur le nôtre qu’à un moment donné la tension des reports a été la plus forte : le 15 septembre, au parquet des agens de change de Paris, certaines actions n’ont trouvé de reporteurs qu’à 9 pour 100, et la moyenne des reports a été supérieure à 6 pour 100. Mais ceci n’a été que passager : dès la liquidation suivante, à la fin du même mois, le taux moyen était redescendu aux environs de 3 pour 100, et, le 15 octobre, à un niveau plus bas encore. Quelques petites difficultés ont été signalées au moment des règlemens de comptes, dans le courant de septembre : mais aucune maison importante, aucune banque n’a été atteinte. Il n’y a rien eu de comparable aux désastres qui en 1907 avaient frappé les marchés américains. L’allure de la crise européenne a été infiniment moins violente. La nouvelle de la signature du double accord franco-allemand du 4 novembre sur la question marocaine et la question congolaise

  1. Voyez Von Dombois, Le Cours des emprunts allemands.