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sait que, d’après la loi, ces institutions sont tenues, à New-York et dans les principales villes, d’avoir en caisse une réserve égale au quart de leurs dépôts. La prime sur le numéraire se maintenait encore aux environs de 3 pour 100. A ce moment, 80 millions de dollars (plus de 400 millions de francs) d’or avaient été expédiés, ou allaient l’être d’Europe en Amérique. Grâce à ces arrivages considérables de métal jaune, la moyenne des prêts au Stock exchange de New-York n’était plus, à la fin de novembre, qu’aux environs de 10 pour 100, tandis que l’escompte du papier de commerce se faisait toujours entre 7 et 8 pour 100, c’est-à-dire aux cours les plus élevés pratiqués depuis le début de la crise. Les faillites, pendant les onze premiers mois de 1907, représentaient un passif de 161 millions de dollars (830 millions de francs), le plus considérable enregistré depuis longtemps ; en 1906, le même chiffre n’avait été que de 107, et en 1905 de 90 millions de dollars.

Vers le milieu de décembre, la prime sur le numéraire à New-York était tombée aux environs de 1 pour 100 : le taux d’escompte restait à 7 à la Banque d’Angleterre, et l’approche de la fin de l’année maintenait le loyer de l’argent à un niveau élevé. Dans les derniers jours du mois, des emprunts furent contractés à la Bourse de New-York jusqu’à 25 pour 100. Mais ce fut la fin des difficultés monétaires, qui allaient définitivement disparaître avec la nouvelle année.

En résumé, la crise avait éclaté par les embarras d’un certain nombre de banques et l’engorgement des bourses, surchargées de titres flottans. L’intervention énergique de Morgan et d’un certain nombre de financiers, qui siégèrent alors en permanence dans la bibliothèque du plus connu d’entre eux, avait décidé l’ensemble des Trust companies de New-York à intervenir en faveur de celles dont la situation était menacée. On avait suppléé à la rareté des espèces en émettant des certificats des Chambres de compensation, puis des chèques de faible dénomination, de 1 à 20 dollars, dit cashiers cheques, qui circulaient aux mains du public, tandis que les certificats des Chambres de compensation servaient à régler les comptes entre banquiers. Ils remplaçaient la monnaie courante, billets et espèces métalliques, que chacun enfermait dans ses tiroirs, sans trop savoir pourquoi. Tout ceci se passait en automne, à l’époque où les récoltes voyagent et où des sommes considérables sont