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la même heure sur les marchés européens : la Banque de l’Empire à Berlin élevait le taux de son escompte le 22 octobre à 6 1/2 pour 100 ; le 24, la Banque d’Angleterre porta le sien à 5 1/2. Mais cela n’empêcha pas les financiers européens de comprendre que le nœud de la question était à New-York. Le mal était né de l’autre côté de l’Atlantique ; c’était là-bas qu’il fallait porter le remède, et chacun concourut avec empressement aux mesures destinées à expédier le plus de numéraire possible au-delà de l’Océan. La détente commença à se produire en Amérique, grâce à des secours dont on a estimé le premier total à 100 millions de dollars, dont 35 fournis par les deux syndicats new-yorkais, 25 en or importé d’Europe, 20 émanant du Trésor fédéral, et le solde constitué par des certificats des Chambres de compensation des principales villes. Ces Chambres, lors de chacune des grandes crises américaines, sont venues en aide au marché : elles ont mis en circulation des bons gagés par des titres que déposaient les adhérens de la Chambre, et qui servaient de monnaie entre eux pour le règlement de leurs créances et de leurs dettes. Le rôle de ces certificats a été considérable : ils ont constitué une véritable monnaie additionnelle, dont près d’un demi-milliard de francs a été émis, et rendu des services tels que la nouvelle législation fédérale sur la circulation a prévu, pour les cas semblables, la création de billets de banque supplémentaires, garantis par des titres, exactement comme les certificats des Chambres de compensation[1].

Au commencement de novembre, certains prêts se faisaient encore à 75 pour 100 au Stock exchange ; mais peu de jours après, le taux en était tombé à 20 pour 100. Il se maintint pendant quelque temps aux environs de ce chiffre. Mais, alors que cette détente relative se produisait à New-York, les places européennes voyaient toutes, presque sans exception, les taux d’intérêt monter encore : le 4 novembre, la Banque d’Angleterre élevait le sien à 6, et le 7 novembre à 7 pour 100. Le lendemain, la Banque de l’Empire allemand établissait celui de 7 1/2. La Banque de France se mettait à 4, la Banque nationale de Belgique à 6. Le bilan des banques associées de New-York indiquait une insuffisance de 38 millions de dollars dans les réserves : on

  1. Voyez, dans la Revue du 15 août 1908, notre article : Une nouvelle monnaie : les certificats des Chambres de compensation américaines.