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paissaient dans les champs qui sont devenus le quartier François Ier, ou dans l’Ile des Cygnes ; les coteaux de Chaillot étaient couverts de vignes. Avant le XVIIe siècle, seules quelques propriétés existaient dans ces parages : l’abbaye des Bons Hommes de Chaillot, le Manoir de Nijon (Hôtel de Bretagne). Ce ne fut qu’en 1616 que Marie de Médicis fit planter le Cours-la-Reine, qui était la première amorce des Champs-Elysées, tandis que jusqu’au règne de Louis XV, la place de la Concorde resta un terrain en friche où Louis XII1 avait chassé encore au lançon. On sait quelles furent depuis ses destinées. Quant à cette avenue triomphale par laquelle passe toute l’histoire de Paris, on apprendra mieux, en Usant ce livre, toute l’importance qu’elle a eue pendant les deux derniers siècles.

Le Vieux Paris[1]publié sous la direction de M. G. Lenôtre, — ce qui suffit à en indiquer la valeur, — apporte une importante contribution à notre histoire avec ses reproductions parfaites, d’après des gravures anciennes, des dessins et des tableaux du Musée Carnavalet, de la Bibliothèque nationale, des meilleures collections, et avec ses vues photographiques. Les notices sont dues à des écrivains autorisés dont on lira avec le plus vif intérêt les études sur l’Hôtel des -archevêques de Sens, l’Hôtel de Charles Lebrun, premier peintre du Roi, l’Eglise Saint-Julien-le-Pauvre, l’Église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, — l’Abside de Saint-Merri ; il y a Cent ans… promenade à Montmartre.

La beauté s’impose à l’admiration et toutes les dissertations sur les caractères ou les conditions du Beau ne remplaceront jamais la contemplation directe, le spectacle ou même la représentation des choses belles. C’est là ce qui explique la publication de tous ces ouvrages d’art d’une exécution si parfaite, entreprise sur l’Art français[2], les Palais de France[3], la Peinture française[4]dont le second volume sur le XVIIIe siècle[5]par M. Pierre Marcel, reproduit directement en phototypie les principales œuvres des Maîtres.

Mieux encore que dans les Mémoires, — qui sont presque toujours plus ou moins véridiques, dont les auteurs sont sujets à caution, — car pourquoi se raconteraient-ils, si ce n’était pour grandir leur rôle en diminuant le plus souvent celui d’autrui ? — l’esprit d’un temps se révèle dans l’art et dans les portraits qu’il nous a légués. Cela est particulièrement vrai de ceux du XVIIIe siècle. Quelque embellis qu’ils soient, ils n’ont pas, sous le fard, perdu toute ressemblance ; ils gardent l’éclat de ce qui en lit la grâce, la joie, l’enjouement. On connaît Watteau[6], Lemoine, Natoire, les Van Loo, Boucher, Nattier,

  1. Ch. Eggimann.
  2. Ch. Eggimann.
  3. Ch. Eggimann.
  4. Ch. Eggimann.
  5. Ch. Eggimann.
  6. Hachette.