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est assujettie à ne se déplacer que dans le plan du méridien, c’est-à-dire précisément dans le plan où se trouvent tous les astres au moment où ils passent au plus haut point de leur course diurne. La lunette est assujettie à tourner invariablement autour d’un axe fixe exactement orienté de l’Est à l’Ouest.

A côté de cette méthode depuis longtemps employée, et qui nécessite des instrumens fixes massifs et délicats, on a imaginé récemment des appareils nouveaux et beaucoup plus légers, notamment l’astrolabe à prisme, qui permettent, en observant les astres dans des conditions un peu différentes, d’obtenir également l’heure. Les mérites respectifs de ces petits instrumens et de leurs gros prédécesseurs ont été débattus par le Congrès avec autant d’ardeur que le furent en d’autres assemblées les avantages des canons de gros ou de petits calibres, ou ceux des cuirassés et des torpilleurs. Seule la diversité des langues employées par les orateurs rappelait à l’auditeur non averti qu’il s’agissait ici d’une artillerie toute pacifique, et que les tubes d’acier en discussion n’auraient jamais pour projectiles que la curiosité des hommes lancée par delà les cieux vers la conquête d’un peu d’inconnu. Finalement chacun resta sur ses positions, et c’est un heureux résultat, car la diversité des procédés de mesure est toujours une garantie d’exactitude et de contrôle.

Une fois l’heure déterminée, il faut la conserver, et c’est alors qu’interviennent les « garde-temps » dus à l’art subtil des horlogers. Mais, si merveilleux qu’ils soient, les chronomètres et les pendules modernes ne sont point parfaits : les mieux réglés arrivent au bout de quelques jours à avancer ou retarder de quelques secondes.

Si, comme cela arrive fréquemment, le ciel couvert ne permet pas les observations astronomiques, l’heure que l’Observatoire fournit aux chemins de fer et aux navigateurs risque bientôt d’être entachée d’une forte erreur et d’entraîner peut-être des catastrophes.

Le Congrès a réussi à remédier à ces inconvéniens grâce à l’organisation suivante ; on sait qu’actuellement deux fois par jour la gigantesque antenne que supporte la Tour Eiffel envoie à travers l’espace des’ signaux hertziens rythmés indiquant que la pendule directrice de l’Observatoire marque telle heure, telle minute et telle seconde d’avance convenues. Pour cela, la pendule directrice est reliée à la station de T. S. F. de la Tour Eiffel par un câble électrique, et sa propre aiguille, à l’heure dite, déclenche au Champ-de-Mars les puissans rayons hertziens qui, sur leurs ailes ondulantes, portent à 6 000 kilomètres les signaux convenus. Or les Observatoires de la