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pleureuse presse de tout son corps étendu le marbre que ses pieds agiles avaient à peine effleuré. La musique expire avec elle et nous charme enfin quelques minutes, avant que de mourir.

Nous avons signalé déjà l’agrément, beaucoup moins tardif et plus soutenu, du spectacle. Avouons pourtant, il faut le répéter aussi, que nous en éprouvâmes quelque lassitude. On commence d’y apercevoir, avec trop de recherche et de raffinement, un peu d’artifice et d’enfantillage. On finira par demander un paravent pour tout décor, et, devant le paravent, un chef-d’œuvre. Sans compter que trop est trop, et que dans un ouvrage comme la Danseuse de Pompéi, ou plutôt autour de cet ouvrage, la représentation des choses passe vraiment la mesure. Elle manque même quelquefois, par excès d’imagination, à la simple vérité. Au pied du Vésuve, ou sur ses flancs, ou dans les mes de Pompéi, jamais la mer ne fut de ce bleu, ni l’automne de ce rouge, ni de ce rose, l’aurore. Et si la grande fête chorégraphique est réglée au début selon le gout antique (la vision du bas-relief qui s’anime est délicieuse), on a regretté que « l’esprit » de nos plus modernes établissemens de musique et de danse parût animer la suite et la fin de cette pompéienne sauterie.

Sallavil et placait. Pour louer Mme Carré, la citation, n’est-ce pas, était inévitable. Que la danseuse donc, si peu d’ailleurs qu’elle danse, et la cantatrice, et la comédienne, veuille bien ici l’agréer.


Le sujet des Bacchantes est simple. Premier tableau : devant les murailles de Thèbes, Bacchus, retour des Indes, donne à danser. Penthée, le roi du pays, s’en irrite et fait jeter en prison Dionysos. Mais Dionysos, après s’être laissé prendre, ne se laisse pas retenir et se délivre par son propre pouvoir (second tableau). Sur le penchant du Cithéron (c’est le tableau n° 3) en l’honneur du dieu triomphant, la bacchanale reprend de plus belle. Survient Penthée, respirant à la fois la vengeance et l’amour d’une jeune ménade, entrevue pendant une visite qu’il rendit un jour à son prisonnier. Les Bacchantes ont bientôt fait de mettre en pièces le trouble-fête ; galop final, apothéose. Ainsi le dernier tableau ne consiste que dans la répétition du premier ; l’un et l’autre sont une suite de hallabili. Il n’y a de changé que le décor, un peu la situation aussi : Bacchus, qui d’abord siégeait à droite, s’assied ensuite à gauche, et plus haut. Le scénario de cette histoire muette est « d’après » Euripide. A défaut des paroles de la tragédie grecque, je n’affirmerais pas que nous en ayons seulement ici la pantomime et la danse, en un mot l’orchestique. La musique, pas davantage. Tout de