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des deux pays qui exigent que cette collaboration soit à l’avenir non seulement correcte, mais cordiale. Nous avons, nos voisins et nous, atteint le but plus tôt que ne le prévoyaient les traités qui nous l’avaient assigné. Ce succès rapide, qui justifie l’entente de 1904, en a, par sa rapidité même, compliqué l’application. Comme toutes les solutions brusquées, la solution marocaine a été laborieuse. Le calme s’est rétabli et le traité donne de solides assises à l’action de demain. La longueur même de cette préparation nous garantit que les deux diplomaties ont voulu que rien ne restât dans le vague. Si elles ne sont pas à l’abri des surprises, elles ont du moins réduit au minimum la part du hasard. Une discussion serrée laisse les interlocuteurs, l’accord une fois conclu, plus apaisés que n’eût fait une improvisation sommaire.

La France et l’Espagne seraient inexcusables de ne point tirer de ce traité le maximum d’effet utile. Elles y réussiront d’autant mieux qu’elles le considéreront moins encore en lui-même que comme une partie d’un tout, comme un élément de la solidarité qui, à tant de titres, doit les unir. La race, le voisinage, les relations politiques rapprochent les deux pays. Le Maroc peut, entre eux, devenir un lien nouveau. Et ils seront, au Maroc, d’autant mieux armés pour mener à bien leur œuvre respective qu’ils se sentiront en Europe plus assurés de leurs mutuelles sympathies.

André Tardieu.