Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/662

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fallu d’abord faire admettre à l’Espagne la légitimité des rectifications de frontières. Il a fallu ensuite développer sur le terrain le principe préalablement admis. Les amendemens apportés aux zones de 11)04 ont touché quatre régions, le bassin de la Moulouya, le bassin du Sebou, le Gharb, la région d’Ifni. Dans le bassin de la Moulouya, il eut été souhaitable que la France obtint un port, par exemple le Cap de l’Eau, d’autant moins nécessaire à l’Espagne qu’elle est, à très peu de distance, maîtresse de Melilla. Le Cabinet de Madrid n’a pas voulu y consentir, et l’on s’est contenté de légères rectifications, dont la principale vise le point où la ligne frontière quitte le thalweg de la Moulouya. Le point adopté en aval du gué de Klila assure aux troupes françaises un débouché commode sur la rive gauche du fleuve, au lieu même où le sang français fut glorieusement versé en juillet 1910. Au-delà de ce point de départ, une commission de délimitation abornera la frontière en tenant compte du terrain et de la répartition des tribus.

Dans le bassin du Sebou, d’importantes modifications ont été au contraire apportées au traité de 1904. La ligne tracée par ce traité témoignait de l’ignorance où l’on était, il y a huit ans, de la topographie et de l’ethnographie de la région. Maintenue, cette ligne aurait mis les troupes françaises dans l’impossibité de défendre Fez, si Fez avait été attaqué. Les Espagnols, après une longue résistance, ont accepté que la frontière fût reportée au Nord de l’Ouergha, de façon à laisser sous l’influence de la capitale chérifienne les tribus qui en relèvent historiquement, — la plupart de leurs caïds possèdent à Fez une maison, — et que le traité de 1904 avait données à l’Espagne, bien qu’elles n’eussent rien de commun avec la population du Rif. Dans le Gharb, il a été tenu compte de la part prise par la France au maintien de l’ordre dès avant les événemens de Fez et des intérêts espagnols entre Larache et El-Kçar. Un échange de territoire s’est opéré qui abandonne à l’Espagne sur la rive gauche de l’oued Loukkos les routes praticables en toutes saisons qui mènent de Larache à El-Kçar, et le mont M’Ghani, éminence qui domine El-Kçar. La France reçoit, en retour de ces deux cessions, la [dus grande partie du Gharb.

Enfin au Sud, dans la région d’Ifni, où la nature du terrain diminuait l’intérêt des rectifications, la France retrouve, grâce à la réduction de l’étendue de côtes accordée à l’Espagne, des