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de faciliter l’acquisition de parcelles par les paysans, de développer le crédit rural.

Tels sont les traits essentiels de la situation économique des Balkans. L’impression qui s’en dégage est que ces jeunes pays sont en progrès marqué depuis qu’ils ont recouvré leur autonomie. Il n’est pas douteux qu’à la suite des événemens militaires qui viennent de s’accomplir, cette marche à la civilisation ne s’accentue encore et que, sous tous les rapports, l’assimilation des royaumes du Sud-Est aux Etats de l’Europe centrale et occidentale, ne soit bientôt complète.


VII. — RÈGLEMENT FINANCIER DU CONFLIT

Les événemens ont marché avec une rapidité qui laissait à peine aux spectateurs le loisir de suivre les péripéties de la lutte. Une campagne de quelques semaines a conduit les alliés au cœur même de l’Empire ottoman. Une première demande de médiation, adressée aux grandes puissances par la Sublime-Porte, n’ayant pas amené de résultat, des négociations directes se sont engagées entre les belligérans : elles vont peut-être aboutir à un traité de paix. Mais il est probable que rien de définitif ne sera conclu sans l’intervention de l’Europe, non pas que l’autorité de la « vieille dame » ait grandi aux yeux des pays d’Orient : il semble au contraire que la diplomatie, ou tout au moins certains diplomates n’aient pas compris ce qui se préparait à Sofia, à Belgrade, à Athènes ; néanmoins les intérêts que les pays de la Triple-Entente et ceux de la Triple-Alliance ont au règlement final du problème, sont trop importans pour que le débat puisse être clos sans que leur parole ait été entendue. La totalité des fonds publics de la Turquie, de la Bulgarie, de la Serbie, de la Grèce et du Monténégro se trouvent entre les mains de porteurs étrangers, dont les gouvernemens ne peuvent se désintéresser du sort des créances que leurs nationaux possèdent sur les Trésors des pays en question.

Ce devoir des grandes puissances est d’autant plus, certain que, vis-à-vis de trois au moins des cinq belligérans, elles sont déjà intervenues, d’une façon plus ou moins directe, dans le règlement de leurs emprunts extérieurs. Nous avons rappelé comment fut constituée l’Administration de la Dette ottomane : bien qu’en apparence elle n’ait dû son origine qu’à un iradé