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particulièrement lourde sur le pays, à cause du change qui était fort élevé et qui majorait de moitié environ les sommes à remettre à l’étranger pour les coupons et l’amortissement. Le ministère Tricoupis fit de louables efforts pour augmenter les recettes, qui doublèrent et passèrent de 43 à 89 millions de drachmes[1] ; mais elles n’arrivaient pas à équilibrer les dépenses. La circulation de la Banque nationale augmentait sans cesse. Le pays fut acculé à une suspension de paiemens. Après la guerre turque, les puissances, qui étaient intervenues pour imposer à l’Empire ottoman une paix plus avantageuse au vaincu qu’au vainqueur, s’occupèrent de réorganiser les finances helléniques.

La période moderne de celles-ci remonte à l’arrangement du 26 février 1898, intervenu, à la suite de la suspension du service des dettes précédemment contractées, entre le royaume et les délégués des grandes puissances réunis à Athènes. Un certain nombre de revenus ont été attribués à la Commission internationale chargée de les encaisser et de les appliquer, dans des conditions déterminées, au service des emprunts antérieurs et à celui d’un emprunt de liquidation qui fut alors contracté sous la garantie des puissances. Mais, tandis qu’en Turquie un acte unilatéral, émané de la seule volonté impériale, avait organisé le nouveau régime financier, ce fut une convention signée entre l’Etat hellénique d’une pari, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche, l’Italie et la Russie de l’autre, qui réorganisa la Dette.

La commission financière internationale surveille les revenus affectés à ce service La perception en a été confiée à la Société de régie des revenus affectés au service de la Dette hellénique, société anonyme grecque prévue par la Loi de Contrôle, et qui est née de la transformation de la Société de régie des Monopoles de Grèce, fondée en 1887 à l’occasion de rémission de l’emprunt gagé par les Monopoles. Ses statuts et la convention qui la lie au gouvernement ont été agréés par les six puissances médiatrices ayant participé à la conclusion du traité de paix du 6 décembre 1897, et sanctionnés par décret royal du

  1. La drachme est égale au franc : les monnaies grecques d’or et d’argent sont identiques aux pièces françaises de même dénomination. Mais, comme les billets ne sont pas remboursables en espèces à la volonté des porteurs, il y a eu souvent un écart considérable entre la valeur de la drachme-papier et celle du franc, bien que la Grèce fasse partie de l’Union latine.