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problême de l’aéroplane marin, et dans les termes suivans : construire un appareil capable de flotter et de naviguer en surface comme une embarcation, puis de s’élever dans l’espace par ses propres moyens, d’accomplir de longs trajets aériens, de venir se reposer sur l’eau, de reprendre son vol, etc. Ce problème est expérimentalement résolu. L’appareil se nomme hydro-aéroplane, ou plus simplement hydroplane. La marine adoptera probablement, pour le service côtier et le service en haute mer, des types différens les uns des autres, en raison des dispositions spéciales nécessaires au lancement, à rembarquement et à l’arrimage à bord de l’éclaireur d’escadre aérien. Cependant, l’aviation navale n’utilisera que des hydroplanes. Les avantages de sécurité qu’ils offrent en cas de chute imposent ce choix.

Cet engin, né d’hier, n’est pas un aéroplane muni de flotteurs et n’est pas non plus un canot surmonté d’un aéroplane. Il est, et devait être, une combinaison des deux systèmes. Le premier, auquel se sont attachés d’abord les constructeurs, préoccupés de réaliser le glissement sur l’eau, ne peut fonctionner que sur les calmes surfaces des lacs et des rivières. Le second ne permet pas de réaliser au départ, alors que l’appareil flotte, une vitesse suffisante pour obtenir l’envolée quand le pilote, d’un coup du gouvernail de profondeur, relève l’avant de son esquif. L’hydroplane marin est donc un compromis entre l’un et l’autre ; mais c’est de la conception du canot ailé que se rapprochent les meilleurs types expérimentés à la mer.

Dans quelle mesure ces appareils satisfont-ils déjà aux exigences de la pratique ? Par beau temps, ils y satisfont entièrement ; par temps moyen, passablement ; par mauvais temps, leur sécurité en surface devient douteuse, et l’envol leur est impossible. La science des ingénieurs et le sens pratique des aviateurs devront donc s’appliquer à réduire de plus en plus cette marge de l’impuissance de l’hydroplane luttant contre les vagues. On ne lui demandera jamais de tenir la mer comme la chaloupe d’un vaisseau, mais il est permis d’espérer que de nouveaux perfectionnemens lui permettront de s’envoler à coup sûr, de « décoller, » comme disent les techniciens, dans les circonstances moyennes de temps et de mer, équivalant dans nos parages à trois jours sur quatre environ. En tout cas, pour le premier départ, on pourra, par temps maniable, et plus