Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Endémique dans certaines villes, elle se manifeste en plus « sous forme d’explosions massives brusques, soudaines, dues à l’adultération des eaux de boisson. » Elle frappe surtout les jeunes gens et « notre armée lui paie toujours un tribut sérieux. L’Algérie-Tunisie est sa terre de prédilection. Elle y revêt souvent une gravité exceptionnelle. Il en est de même au Maroc. »

On a multiplié dans ces dernières années les moyens de réduire le plus possible le nombre des cas de fièvre typhoïde : surveillance et purification de l’eau de boisson… On a obtenu certainement des résultats, et c’est une voie dans laquelle il ne faut évidemment pas se lasser de continuer à travailler. Mais les résultats, obtenus de ce côté, sont encore insuffisans et on comprend l’intérêt que tout le monde doit porter à l’étude d’un vaccin contre la fièvre typhoïde, d’un moyen pour préserver nos jeunes gens de cette terrible maladie.

Beumer et Peipper d’abord, Chantemesse et Widal (1888-1892) ensuite, ont vacciné les animaux de laboratoire avec des cultures atténuées de bacilles d’Eberth. Mais la découverte de la vaccination antityphique de l’homme a été faite en 1896, simultanément, par Pfeiffer et Kolle en Allemagne et par A.-E. Wright en Angleterre. Parmi les travaux français qui ont suivi et mis vraiment la question au point, je citerai ceux de Chantemesse, de Metchnikoff et surtout ceux du professeur Vincent du Val-de-Grâce, qui a entrepris un véritable et fécond apostolat de conférences dans les principales villes de France.

La vaccination contre la fièvre typhoïde est une vaccination pastorienne (par virus atténué). Généralement, on tue les bacilles par la chaleur (Pfeiffer et Kolle, Wright, Russell, Chantemesse). H. Vincent utilise les extraits par l’éther de bacilles vivans. Metchnikoff atténue la virulence des bacilles vivans en les faisant passer par le cheval… Pour le vaccin antityphique, il y a une particularité à signaler : le bacille d’Eberth, cause de la fièvre typhoïde, n’est pas toujours absolument identique à lui-même. Il y a plusieurs races de bacilles typhiques ; il y a ce que l’on appelle les bacilles paratyphiques, qui produisent, chez l’homme, des maladies très analogues à la fièvre typhoïde et dont il faut aussi garantir nos jeunes hommes.

Alors on prépare le vaccin en employant des microbes de diverses races typhiques et paratyphiques, et on a ainsi ce que l’on appelle un vaccin polyvalent : le vaccin de Vincent,