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thèmes sont les mêmes, dont je ne me plains pas : nostalgie dès l’enfance, amour de l’ami perdu, amour de Dieu, de plus rencontre de la femme aimée qui sera la compagne de la vie. C’est l’amour de l’ami perdu qui a le mieux inspiré le poète.


Malgré tout, sois béni, pauvre mort, âme douce,
Enfant rêveur, qui venais voir tomber le jour
Dans ma chambre — à la fin des après-midi lourds
Tu m’attires encor lorsque tout me repousse.

Nul ne savait ce qui pleurait dans ton sourire.
Ah ! ton dernier regard aux horizons quittés.

O pauvre mort, ô pauvre mort, le soir descend
Comme ceux d’autrefois où s’éveillaient nos rêves.
Et n’est-ce pas encor ton cœur adolescent
Qui près de moi vers L’infini pleure et s’élève ?

O mon enfant, tu m’es plus qu’autrefois fidèle ;
Tu me suis pas à pas ; je me sens mieux aimé
Car depuis l’aube morne où tes yeux sont fermés
La présence est en moi de ton âme immortelle.


L’amour de Dieu, combattu par les passions humaines, agité et inquiet, plein d’ardeurs troublées et d’imploration de la Grâce, est aussi très sincère ici, très vrai, très simple et d’une inspiration véritablement chrétienne :


L’enfant revient, tremblant de foi, vers le mystère
De ce joug dont vous avez dit qu’il était doux,
Mais un souffle, un regard peut l’éloigner de vous.

Son âme faible est accueillante aux mauvais rêves,
Je voudrais, ô Seigneur, que le jour qui s’achève
Ne jette pas pleurant dans les bras défendus

Cet enfant retrouvé, mais si souvent perdu.


L’auteur n’a pas appris sa prosodie depuis son premier volume. Plus que jamais, il compte les syllabes de la façon la plus arbitraire et la plus capricieuse. Plus que jamais, il a l’horreur de la diérèse et il dira sans hésiter :


Les Camaïeux, l’odeur des violettes de Parme,