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POÉSIES

NIOBÉ[1]


Niobé ! Niobé ! Que sont-ils devenus
Tes filles au front clair, tes fils dont les bras nus
Etaient adroits et forts comme des bras d’athlètes,
Vaillans comme des bras de héros ? Dans les fêtes,
Quand on remerciait, au retour des Saisons,
Les Dieux qui font germer et mûrir les moissons.
Tu marchais entourée et fière d’un cortège
De glorieux enfans : hautement le chorège
Citait, parmi les dons des dieux à la Cité,
La richesse et l’honneur de ta maternité ;
Et le Chœur, dont la strophe alternante s’échange.
Chantait, en se croisant, ton nom et ta louange
Sur le mode sacré que la lyre conduit.
Quatorze fois tes flancs avaient donné leur fruit,
Quatorze fois ton sein avait ouvert son fleuve
De doux lait nourricier. Et tant de fois, l’épreuve
Où la Vie et la Mort paraissent se toucher,
— Puisque les pâles mains de l’une vont chercher
Et prendre aux sombres mains de l’autre un nouvel être,
Et que passer ainsi par elles deux c’est naître, —
L’épreuve redoutable et qu’Hécate soutient
N’avait rien altéré de ton souple maintien.

  1. On verra qu’il manque quelques vers au milieu et à la fin de ce poème. La mort a surpris Angellier avant qu’il y pût mettre la dernière main.