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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Nous avons un peu négligé, depuis quelque temps, nos affaires intérieures : si intéressantes qu’elles fussent, elles l’étaient moins que les questions extérieures. Nous devons parler cependant de l’agitation qui s’est faite depuis plusieurs semaines autour des syndicats d’instituteurs. L’état d’esprit qui règne dans le personnel de l’enseignement primaire a suscité depuis un certain nombre d’années des préoccupations et des inquiétudes. Gardons-nous de généraliser ; la grande majorité de nos instituteurs est restée étrangère aux entraînemens que la minorité a subis ; il serait injuste de juger de tous par quelques-uns ; mais si ces derniers ne sont pas les plus nombreux, ils sont les plus actifs, les plus remuans, les plus encombrans ; c’est d’eux surtout qu’il est question dans les journaux, d’eux qu’on parle, d’eux qu’on s’occupe, et le public est obligé de faire un effort sur lui-même pour les distinguer de la masse silencieuse et inerte. Est-elle si inerte, d’ailleurs ? Elle se tait sans doute, mais elle laisse faire, elle se demande s’il n’en résultera pas pour elle quelque chose de bien, elle attend et on est parfois enclin à croire qu’elle consent. En tout cas, les pires meneurs sont le plus souvent désignés pour représenter le corps tout entier dans les syndicats, les congrès, la Fédération et de là vient l’esprit de suspicion qui pèse sur lui. Au récent congrès de Chambéry, six mille instituteurs étaient, dit-on, représentés par leurs syndicats. Bien que ce chiffre soit modeste proportionnellement à celui des cent vingt mille instituteurs qu’il y a en France, nous aimons à croire que six mille d’entre eux ne sont pas entachés du mauvais esprit qui s’est manifesté à Chambéry ; beaucoup sont entrés dans les syndicats sans bien savoir ce qu’ils faisaient, où ils allaient, où on les conduisait ; ils y sont à l’état passif. Mais il resterait à savoir si, parmi ceux qui ne sont pas encore dans les