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L’AMÉRIQUE DU NORD


ET


LA FRANCE


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I


On dirait que la France et l’Amérique du Nord cherchent à renouer les relations intimes qui existèrent entre elles pendant si longtemps. Les manifestations sympathiques se multiplient, les idées s’échangent, les œuvres se créent. On s’ignore un peu moins les uns les autres ; de là à se rechercher, à se rapprocher, à s’unir, la pente est naturelle.

Certes, bien des préjugés subsistent, encombrant les cerveaux et les cœurs ; on nous a dénigrés si longtemps et nous nous sommes, avec tant d’application, dénigrés nous-mêmes !… Combien sont nombreux les livres, écrits sur la France par les Français, ayant pour objet d’établir l’infériorité de la race française, de dépeindre sa décadence rapide, ses maladies mortelles, sa ruine inévitable : quand il suffit de passer les frontières ou la mer pour constater que les autres ont aussi leurs difficultés et leurs crises, leurs faiblesses et leurs impuissances !

Tous les ratés des lettres ou de l’action rendent leur patrie responsable de leur échec. Leurs mauvais propos qui ne trompent personne chez nous, sont soigneusement colligés, développés, colportés par nos adversaires ou nos concurrens : il faut, ensuite, des années pour réparer l’imprudence d’une heure. Comment protéger la France contre ses enfans fournissant des armes à ses ennemis ?

La France a des avocats qualifiés au dehors : les diplomates