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plus probables, on peut citer un Juichimen Kwannon (Kwannon aux onzes faces) de la collection du marquis Kaôru Inoué. Il aurait exécuté en outre les images de Jizô, de Yakushi Nyôrai, de Bishamonten, d’Amida Sanson, du dieu du tonnerre et de celui du vent ; les portraits de Shotoku Taishi, de Kamatari Kotobuko, etc.

De grandes discussions se sont élevées autour d’un célèbre paysage : la Cascade de Nachi, appartenant à M. Tetsuma Akaboshi de Tokyô. A notre avis comme à celui de plusieurs critiques japonais, cette œuvre admirable ne parait pas avoir été exécutée avant la fin du XIIe siècle et n’est pas due à Kanaoka. Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en reparler.

Si les œuvres indiscutables du grand Kose sont peu nombreuses, il est du moins possible d’apprécier la splendeur de l’art religieux de son époque d’après quelques peintures conservées au Japon. Il nous suffira de signaler le Miroku Bosatsu du Hôzanji (Kokka, n° 188). Aucune expression n’en appréciera assez la grandeur, l’élégance sans maniérisme, la splendide couleur rouge des draperies. Par quelques détails cette image sacrée se souvient encore des fresques de Hôryûji, mais l’influence Tang, elle-même sur le point de se trouver japonisée, est venue modifier l’ensemble de façon très marquée.

IV


Durant la seconde partie de l’époque des Fujiwara (950-1160), le Japon s’engage franchement dans une voie purement nationale. Vers la fin du IXe siècle, la dynastie chinoise des Tang était en pleine décadence. Le gouvernement japonais jugea inutile de conserver des relations officielles avec l’Empire du Milieu. En 894, un décret supprima l’ambassade résidant à Si-N’gan. Seuls des religieux avides de doctrines nouvelles et quelques particuliers traversèrent la mer à de longs intervalles sans que leurs voyages aient eu une influence appréciable sur l’art contemporain de leur pays. Si le prêtre Chônen rapporta de Chine quelques peintures Song dès l’année 987, celles-ci furent peu appréciées jusqu’à la fin du XIIe siècle. L’art japonais avait lentement absorbé les idées Tang et s’en trouvait comme sursaturé. Il lui fallut une longue période de recueille-