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Et, tandis que très loin pleurent de vagues cors,
Les suprêmes splendeurs qu’accumule ta gloire
Ont, dans l’ombre où je puis encore aimer et croire,
Avec mon âme en deuil de suaves accords.



DOUTE


L’aile d’une colombe au passage t’évente.
Un attendrissement léger plane sur nous.
Dans des nuages d’or et de pourpre dissous,
Le soleil semble peindre une fresque savante.

L’été décline et sans bruit nous sommes venus,
Avant qu’un si beau jour en pénombre s’achève,
Éterniser l’émoi de notre unique rêve
Et remplir de clartés nos regards ingénus.

Or, nous ne savons plus, par tant d’illustres flammes
Éblouis, aveuglés par notre amour si fort,
Si ces rayons, qu’attend l’inévitable mort,
S’abîment dans le vide ou sombrent dans nos âmes.



STANCES


Clair été, tu te meurs feuille à feuille, et l’automne
Sur un tapis doré pose déjà ses pas ;
Mais, dans mon cœur déçu, clair été, tu n’as pas
Laissé les souvenirs dont la douceur étonne.

O clair été, toujours propice aux amoureux,
Tu n’as pas déposé dans mon cœur las d’attendre
L’émotion suave et la caresse tendre
Qui charment un instant les destins douloureux.

C’est pourquoi ces vers purs, où le regret s’écrie,
Et qui savent souffrir et qui veulent prier,
S’enlaceront peut-être au stoïque laurier
Dont la racine amère est de larmes nourrie.