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La protection des missions avait déterminé les premières relations politiques avec les petits peuples du Pacifique : les intérêts du commerce et de la pêche, joints peut-être à des considérations administratives, provoquèrent la fondation des premiers établissemens.

L’idée de prendre pied dans ces parages n’était d’ailleurs pas nouvelle et, sans remonter aux projets du XVIIIe siècle sur l’Indo-Chine, sous la Restauration, le capitaine Philibert avait été chargé d’étudier l’acquisition d’une ile dans les mers d’Asie, tandis que M. Thierry de Ville-d’Avray offrait de céder au Roi les droits qu’il prétendait avoir à la souveraineté de la Nouvelle-Zélande. Rien n’avait pu résulter des explorations du commandant Philibert. En revanche, Thierry, nullement découragé par la fin de non recevoir qui lui avait été opposée, s’occupait encore de réunir les capitaux nécessaires à une expédition et assiégeait maintenant les ministres de Louis Philippe des mêmes sollicitations qu’il adressait naguère aux ministres de Charles X. Exactement dans le même temps, Mgr de Pompailler, évêque de Maronée, débarquait en Nouvelle-Zélande comme vicaire apostolique. Au courant, semble-t-il, des espérances de Thierry, persuadé d’autre part que la fondation d’un établissement serait chose aussi profitable que facile, il écrivait de son côté à Paris, et le gouvernement se trouvait ainsi, par deux voies différentes, saisi de la même question. Au ministère de la Marine, l’occasion semblait bonne et la hâte nécessaire, car les journaux anglais commençaient à parler des visées de Thierry. Mais une entreprise de ce genre ne pouvait se décider sans entente avec le ministre des Affaires étrangères, surtout si celui-ci détenait la présidence du Conseil, et c’était alors précisément le cas. A trois reprises, de juin 1837 à janvier 1839, la Marine écrivit donc à Molé. Comme nous aurons occasion de le constater encore, le ministère des Affaires étrangères de cette époque n’aimait, en pareille matière, ni la rapidité, ni même les décisions. Il commença par ne pas répondre. S’il répondit ensuite, ce qui n’est pas certain, ce dut être de façon peu topique et les desseins sur la Nouvelle-Zélande demeurèrent effectivement suspendus. Mais une société d’armateurs et de banquiers qui se formait pour exploiter le territoire qu’un capitaine au long cours, émule de Thierry, M. Langlois, prétendait avoir obtenu des indigènes néo-zélandais, sollicita bientôt la coopération du gou-