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suffire aux besoins commerciaux dont on se préoccupait uniquement. Pourtant la fondation de ces diverses dépendances du Sénégal ne pouvait manquer d’avoir une importance politique. La France reprenait pied dans des contrées qu’elle avait totalement abandonnées et s’y installait plus solidement qu’elle n’avait fait jamais. En outre, l’estuaire du Gabon dont nous nous trouvions pratiquement les maîtres, offrait aux navires un abri très sûr et pouvait dès lors devenir un excellent port de ravitaillement. C’est cette dernière considération qui devait rattacher bientôt le nouvel établissement, et partant les entreprises sur la côte occidentale d’Afrique, aux entreprises poursuivies dans d’autres parties du monde, et qu’il nous faut considérer maintenant.

Sur la côte d’Afrique nous n’avons guère rencontré que des visées commerciales : dans l’océan Pacifique comme dans les mers avoisinantes des intérêts d’ordres divers entraient en jeu. Les négocians proprement dits, qui envoyaient des navires dans ces parages, les dirigeaient à peu près exclusivement vers les iles de la Sonde, la Chine ou les côtes de l’Amérique du Sud, négligeant les archipels peu civilisés de la Polynésie. Mais ces archipels précisément étaient visités par les bâtimens baleiniers ou cachalotiers qui poursuivaient les cétacés au cours de campagnes durant parfois plusieurs années. Enfin, dans les iles éparses du plus lointain Pacifique, comme dans celles qui avoisinent l’Asie ou sur le continent asiatique lui-même, des Français étaient installés, qu’aucun désir de lucre n’y avait attirés. Après la fondation de la Société pour la Propagation de la Foi qui marqua, comme on sait, un renouveau de notre zèle apostolique, de nombreux missionnaires s’étaient dirigés vers l’Océanie, jusqu’alors assez négligée, et on avait vu ainsi des Pères de Picpus aux iles Sandwich en 1827 et aux Gambier en 1834, des Maristes aux Wallis comme aux Foutouma en 1837, puis, en 1838, en Nouvelle-Zélande, tandis que d’autres prêtres français, ceux notamment de la Société des Missions étrangères, s’efforçaient de prendre pied en Corée ou de se maintenir en Chine et en Annam.

Le gouvernement ne se désintéressait ni des missionnaires, ni des baleiniers, ni des négocians. Favoriser ces derniers faisait partie de cette politique d’expansion économique dont nous avons vu déjà des exemples, et qui, dans le cas présent, parais-