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partager avec elle son rôle de consolatrice et de garde-malade : si bien que le pauvre poète, lorsque déjà lady Austen avait expressément consenti à devenir sa femme, s’est vu forcé de sacrifier à sa reconnaissance le plus fervent et bienfaisant amour qu’il eût jamais éprouvé.


« N’est-il pas étonnant, — écrivait hier encore un critique anglais de l’Athenæum, — de voir quels mondes d’émotion, d’intuition, et d’observation se trouvent reflétés dans les lettres de Cowper, ou plutôt nous y apparaissent comme à l’intérieur d’une petite sphère de limpide cristal ? » Et vraiment, nous ne pouvons lire la série de ces lettres sans avoir l’impression d’être transportés dans une espèce d’univers en miniature, de vivant et délicieux microcosme qu’a su se créer l’active fantaisie d’un poète. Sentimens et idées, figures et paysages, tout est réuni là de ce qui, dans la vie du dehors, a le pouvoir de nous toucher ou de nous ravir : de telle façon que, pour nous aussi, « les moindres pierres » de l’ermitage d’Olney ne tardent pas à devenir « d’intimes amis. » De page en page, nous prenons l’habitude de borner notre horizon à ces murs de l’humble maison villageoise où s’écoulent les journées de l’auteur de la Tâche ; et il n’y a pas une des pensées de celui-ci, ni pas un de ses rêves, qui désormais ne pénètre d’emblée au plus secret de nos cœurs.

T. DE WYZEWA.